Attention ! Attention ! Nouveau délire en approche !
Après l'hilarant petit bijou fauché et sans prétention Iron Sky et ses nazis cachés sur la Lune, projetant d'envahir la Terre, voici Iron Sky 2: The Coming Race, tout aussi fou et décomplexé !
Cette fois, ce sont les Vril, race mi-aryenne mi-silurienne (amis du Dr Who, bonjour !) qui, après avoir conquis la Terre veulent s'accaparer la Lune. Une sorte de Cité de la Mort encore plus sous acide, sans Tom Baker, sans Julian Glover, sans John Cleese mais avec un Udo Kier mi-Palpatine mi-Hitler très en forme !


Iron Sky 2, c'est évidemment toujours un pseudo-nanar, dans l'ensemble moins bon que son prédécesseur.
Parce qu'il en fait trop et qu'il ne parvient vite plus à jongler avec l'ensemble de ses nouveautés: que deviennent les nazis de la Lune ? Sont-ils comme ceux du premier opus dont on découvre la vraie nature ? Quid des hommes de la Terre ? Quid de la Terre puisqu'on la dit détruite ? Mais détruite partiellement afin de permettre un voyage en son centre et suffisamment préservée pour qu'une poignée d'humains soient gouvernés par un reptile déguisé en président de la République, des humains dont n'apprend plus rien hors générique de début de film ?
Parce que, disposant de moyens bien plus importants, l'équipe du film tombe dans la grandiloquence, dans tous les écueils du blockbuster ou de l'épisode de série américaine modernes: la raillerie des stéréotypes qui cumule ses propres stéréotypes verbaux et gestuels.
Parce que, tout aussi hilarant que le premier du nom, il se prend un peu trop au sérieux par instants.


Et pourtant, qu'il est génial en quelques points, cet Iron Sky !
Afin de l'apprécier, il faut un esprit totalement relâché, sans complexe d'aucune sorte, prêt à toutes les fantaisies. Après tout, on mélange nazis, politiciens, milliardaires vivant du Tout-numérique, dinosaures, dignes des Mondes perdus de Spielberg-Crichton-Conan Doyle-Bulwer Lytton, tout droit sortis d'un centre de la Terre vernien figurant un Eden. Autant dire que le délire est total. D'autant que, cette fois-ci, Hitler est de la partie !
Le génie des Iron Sky, c'est de profiter d'une folle fantaisie pour faire passer des messages bien plus sérieux quoiqu' un peu mièvres. Une sorte de spoudogeloion travesti en pseudo-nanar. C'est dans ce dernier point que résident les deux traits d'excellence d'Iron Sky 2.
D'abord, un pied de nez d'une insolence jouissive au tout-numérique et la folie du high-tech. Dans Iron Sky 2, la dernière cité humaine rescapée sur la Lune possède une pseudo-intelligentsia, qui voue un culte au Grand Steve. Une secte qui déifie Steve Jobs et qui excommunie à la façon des bûchers du Moyen-Âge les hérétiques qui osent ne pas suivre les mises à jour ou qui tentent de débrider leurs i-phone. Le gourou accompagne d'ailleurs les héros dans leur périple au centre de la Terre et rencontre son idole qui ... s'avère un reptilien (un Vril) ! A ses côtés, un certain Zuckerberg, lui aussi reptilien. Les deux monstres auraient créé leurs outils numériques pour diviser et soumettre les hommes. Le Tout-numérique devient une arme des Vril pour coloniser et réduire l'humanité en esclavage. Le plus fort étant que ce règne du Tout-numérique high-tech est réduit à néant .... par un simple Nokia vieille vieille vieille génération ! "Même pas besoin du Wifi !", commente l'héroïne, satisfaite.
Ensuite, découlant de cette idée que le numérique force l'individualisme et la division, lié à ce message porté par la devise belge, "l'union fait la force", une réécriture géniale du mythe de la création, sauce Iron Sky ! Les Vril, race d'extra-terrestre sur-développée, composée d'êtres d'exception tels que Bill Gates, Margaret Thatcher, Attila ou Adolf Hitler, débarquent sur la Terre à son commencement. L'un d'entre eux, le frère d'Hitler, se passionne pour les primates et décide de leur donner un peu de la substance qui fait la force et l'immortalité de sa race: le mythe de Prométhée. Pour ce faire, il donne à croquer une pomme dans laquelle il a injecté cette substance à ses deux favoris, un mâle et une femelle, Adam et Eve: délicieux détournement de la thèse créationniste où Dieu et Diable deviennent la même personne. Et, pour satisfaire les laïcs, le démiurge précise: "J'aurais pu attendre que la Nature fasse son oeuvre mais pourquoi ne pas donner un coup de pouce à l'évolution ?" Cette réécriture clairement fantaisiste et parodique a aussi cela de bon qu'elle cherche à concilier toutes les approches de la Genèse, mêlant avec brio mythologie greco-romaine, créationnisme et darwinisme. Et dire que Darwin n'est pas même un Vril !


S'il est un défaut, une gêne éventuelle, c'est cette décision de mettre dans un même sac Hitler, Thatcher, les représentants du dogme religieux et les pionniers du Tout-numérique, qui ne sont ni vraiment comparables ni particulièrement associables.Point d'orgue, la reconstitution de la Cène de Léonard de Vinci avec les Vril, Hitler faisant office de Jésus. Cela dit, les Iron Sky ne sont pas à prendre au sérieux et, vus dans cet esprit de dérision totale, procurent plus de plaisir intertextuel que de gêne bien-pensante.
Et puis, il y a cette tendance très actuelle à un humour marvelien et à la figure de la femme si masculinisée qu'elle perd toute féminité et rend plus hommage à l'Homme qu'à la Femme.
Mais ce sont là des défauts mineurs, soit propres à l'état d'esprit de la saga, soit propres à l'ensemble des blockbusters actuels.


En somme, Iron Sky 2 est une bonne suite, plus en continuité que bien des suites que l'on peut voir aujourd'hui et cela fait plaisir.
À se demander si, en 2019, les films attendus comme des catastrophes ne raviront pas plus et mieux que ceux que l'on attendait comme des réussites !

Frenhofer
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le 11 mai 2019

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