Jugé d'un film d'horreur quand on en a regardé moins que les doigts d'une main peut sembler déplacé. Genre très catalogué, au scénario répétitif souffrant généralement de clichés éculés, à l'esthétique sanguinolente et criarde, n'apportant guère de réflexion mais jouant exclusivement sur la peur, il a tout pour déplaire aux cinéphiles les plus exigeants.
Néanmoins it follows plaît à nombres de critiques – plus peut-être qu'aux amateurs du genre - et pour cause, il mêle indistinctement certains codes de ces teen-movies à une esthétique élaborée. Si donc le premier point n'attire pas tellement notre attention, le deuxième, lui beaucoup plus. Ainsi, le sens du cadre, le travail sur la lumière, la beauté des nombreux espaces, la manière de filmer la spectrale ville de Détroit, les plans à 360° et enfin la bande-son démontrent une recherche audacieuse et originale de D. Mitchell. Par ailleurs, l'ambiance paranoïaque, la fuite constante d'un mal invisible et implacable malgré sa lenteur, l'étrange familiarité des lieux et des êtres, la mélancolie des jeunes ajoutent au travail de mise en scène une sensibilisation pertinente et enrichissante sortant des habituels carcans.
Un film d'épouvante cherchant donc à s'éloigner partiellement des topoï assez détestables qui rebutent les non-amateurs. Une agréable surprise.