Jee-woon Kim incarnait à lui seul le renouveau du — bon — cinéma Coréen, d'abord avec un 2 soeurs et son esthétique unique et malsaine, puis avec A Bittersweet Life et sa tension dramatique, et enfin avec Le bon, la brute et le cinglé, actioner déjanté et décomplexé. Mais toutes les sources se tarissent un jour, et il semblerait que l'auteur prolifique retombe au niveau de Saam gaang et son copié/collé éhonté de Memento.
Kyung-chul (Min-sik Choi) est un dangereux psychopathe qui tue pour le plaisir. Il commet des meurtres en série de manière que l'on ne peut même pas imaginer. Ses victimes sont aussi bien des femmes que des enfants. La police le traque depuis un long moment, mais est incapable de l'attraper. Un jour, Joo-yeon (San-ha Oh), la fille d'un Chef de police à la retraite devient sa proie et est retrouvé morte atrocement mutilée. Son fiancé Soo-hyeon (Byung-hun Lee), un agent secret, décide de traquer le meurtrier lui-même. Il promet de tout faire pour se venger, même si cela signifie qu'il doit devenir un monstre lui-même.

Ce qui est assez formidable avec la nouvelle vague de cinéma Asiatique, c'est qu'elle peut se permettre de reprendre à la lettre des concepts éculés, tenter de nous les faire passer pour innovants, et ensuite être applaudie par une assemblée d'occidentaux toujours prêts à s'extasier devant les productions d'horreur/épouvante venues de ces contrées.
Du coup, Jee-woon Kim nous sert un service froid de plats réchauffés, composés de bribes de 8MM, Saw, et Seven, et franchement, c'est ni novateur, ni intelligent, ni gore, ni malsain, ni immoral. C'est juste mal joué et mal rythmé, mais surtout trop long pour un revenge-movie, et le cinéma c'est comme une bistouquette, plus c'est long et plus c'est mou. Certes des fois l'adage ne s'applique pas, comme ce fut le cas avec Bedevilled qui développait deux parties passionnantes, mais ici c'est tout le contraire. Première demi-heure, on s'ennuie, mais surtout on ne comprend pas s'il est permis de rire ou non (l'agent de la médico-légale qui se viande en renversant les morceaux de maccabées renforçant cette impression). Pendant la seconde, notre flic ninja (oui oui, en Corée tout le monde est un ninja) empêche des suspects de nuire, et pendant les trois dernières ça tourne en boucle dans un jeu de chat et de la souris aussi répétitif que téléphoné.

Bref, J'ai rencontré le Diable est à lui seul un exemple parfait du cinéma Coréen, qui se contente souvent de reprendre une idée déjà utilisée (cf Woochi qui singeait L'apprenti sorcier ou Chaw pompant Razorback) et l'étaler sur deux heures (ou plus), de la même manière que le font les américains avec les concepts Européens (ou autres). On aurait pu donner à ce Diable le Bon Dieu sans confession, mais seulement s'il avait été REELLEMENT malsain et violent, or ici il passe pour du menu fretin à côté d'icônes du genre comme A Serbian Film. Et comme dit plus haut, on ne sait jamais sur quel pied danser, hésitant entre appréhender la chose comme un divertissement comico-glauque ou un thriller pur et dur, le lot de scènes ridicules décrédibilisant le film, dont notamment ce n'importe quoi en voiture vers la fin (même si celle où le tueur poignarde le conducteur et le passager d'une voiture en marche restera dans les mémoires).
Le constat est déjà lourd, mais comme si ça ne suffisait pas, la bande-son est une véritable torture auditive, tentant de mimer Ennio Morricone comme le ferait un enfant de 4 ans, ou pire, Mark Snow.
Il y aura bien quelques petites choses un peu gore par ci par là, mais dilapidées avec trop d'avarice, et ne comblant même pas l'amateur lambda de torture-porn. On pourra également se questionner quant à la logique du film, le tendon d'Achille sectionné n'ayant visiblement aucun effet sur notre tueur, de même que la cigarette qui lui est enfoncée dans l'oeil, qui comme par magie, est intacte ensuite. Scriiiiipte !!!
Pour conclure, les junkies de revenge-movies ou de productions un peu hypes Made in Korea apprécieront probablement cette production, tandis que ceux qui sont habitués à du cinéma réellement malsain et immoral auront quant à eux du mal à digérer cette farce sans saveur.
Mention spéciale pour Min-sik Choi, seul véritable talent du film, qui apporte à son personnage le gros des deux points que le film mérite.
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le 6 juil. 2011

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SlashersHouse

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