Jack Frost 2: Revenge of the Mutant Killer Snowman par Wykydtron IV

Au vu de la bande-annonce de Jack Frost 2, ça avait l'air encore plus cheap que le premier film, avec des idées d'une connerie accrue, mais qui pouvaient être marrantes.
Au fond de moi, je savais qu'il y avait de grandes chances que ça s'avère être un film de merde, comme souvent avec ces concepts si débiles et farfelus qu'ils font envie.

Ca commence mal quand, entre les deux premiers plans du film, je remarque un petit faux-raccord.
La première scène présente une idée sympa qui apporte de l'originalité à une scène plutôt commune de visite chez le psy : ici, la secrétaire écoute la séance via la liaison téléphonique... et le réalisateur en fait quelque chose de lourd juste après, quand tout le monde se réunit pour écouter, et que le psy se met à rire lui aussi, le dissimulant à peine devant son patient.
Pouf, je savais que l'équilibre entre humour bête mais sympa et humour lourdingue était foutu, et je me doutais que le reste du film serait comme ça.
Il faut dire adieu aussi à tout ce qui faisait du premier "Jack Frost" qu’il se démarquait un peu de la masse des slashers existants.
"Jack Frost 2", comme toutes les suites bâclées de slashers, se fout pas mal de la cohérence par rapport à l’épisode précédent… ou de la cohérence tout court, tant que le méchant revient à la vie et se remet à emmerder les mêmes gentils protagonistes.
Rien que la première scène où Sam, héros du premier film, doit faire face à l’incrédulité de son psy, le prouve. Que fait le scénariste de toute la ville qui a été témoin des évènements dans "Jack Frost" ? Ils ne peuvent pas soutenir l’histoire de Sam ?
Comme dans toutes les suites merdiques de slashers, une excuse est trouvée pour justifier le retour de Jack, et celle dans ce film-ci est des plus nulles. Des rednecks déterrent l’antigel qui a servi à tué Jack Frost, des scientifiques récupèrent le produit pour… eh bien, on ne saura jamais pourquoi, Jack s’échappe avant qu’on nous ne livre des explications.
Ca devient presque des clichés par la suite, ces éléments lamentables que "Jack Frost 2" reprend d’autres suites merdiques de slashers, tant ils sont nombreux.
Comme dans "Jason takes Manhattan", où comme par hasard des ados ont l’exacte réplique du masque de Jason, dans un canot de sauvetage, deux hommes ont pour seule victuaille une carotte… qui servira à faire le nez de Jack.
Tous les proches de Sam passent la moitié du film à essayer de le convaincre que Jack est mort ; non seulement c’est cliché, mais ça devient rébarbatif.

Quatre des acteurs du premier film reprennent leurs rôles, déjà je trouve ça surprenant de leur part de vouloir se réembarquer dans un projet pareil, et ensuite je me demande si le réalisateur s’imaginait que des spectateurs seraient content de retrouver les mêmes personnages et leurs interprètes ? Même en ayant plutôt bien aimé le premier film, je dois dire que je me foutais des protagonistes, à part Jack lui-même.
Parmi les acteurs qui reviennent, il y a Eileen Seiley, dont c’est le dernier film. Elle avait joué Martha Wayne dans Batman forever. Comme dans le premier film, j’ai été un peu étonné de voir dans quoi avait joué certains membres du casting : Ian Abercrombie (le sage dans Evil dead 3, Rango, Le monde perdu ; RIP), Tai Bennett (John dies at the end), Doug Jones (Abe Sapiens dans Hellboy).
Aux héros viennent s’ajouter de nouveaux personnages tous plus ou moins typés : le gay, la blonde conne, le black cool, et les jeunes libidineux et débiles à un point qui dépasse la caricature.
Je plains certains d’entre eux en voyant comme ils essayent de faire illusion comme ils peuvent, au milieu de ce désastre. Lorsqu’Anne (Eileen Seeley) est enfermée par des murs de glace, on voit clairement qu’on lui a donné pour instruction de s’affoler mais sans trop toucher les murs, sûrement pour ne pas qu’ils s’effondrent. A un moment (un moment seulement) elle appuie sur l’un d’eux, mais il est évident qu’elle fait semblant, prenant soin de ne pas trop pousser.
Un autre moment ridicule, c’est quand les personnages, se demandant où est passé tout le monde, sont censés chercher des gens : ils se contentent d’appeler et restent sur place, sûrement pour ne pas sortir des limites de la hutte où ils se trouvent et ne pas révéler la facticité du décor.
J’ai pensé à un moment que les FX ne seraient pas trop mal, il y a un trucage assez malin pour l’un des premiers meurtres : dans le même plan, on voit quelqu’un tomber en arrière, et un pano nous révèle cette personne empalée sur le sol. Bon, c’est une question de coupe invisible entre deux plans, mais c’était pas mal. Par la suite, on n’a plus droit qu’aux maquillages et CGI pourris.
Ceux qui ont vu le premier "Jack Frost" doivent se rappeler de la légère rigidité du bonhomme de neige ; eh bien ils ont réussi à faire pire dans cette suite. Il y a même un plan où on le voit de loin et il est censé faire un truc mais il ne bouge absolument pas. Seul le son tente vainement de nous faire croire qu’il se passe quelque chose.

Si au moins le film était drôle !
Mais ce n’est plus la même sorte d’humour que "Jack Frost 1", ce dernier était con de façon maline, "Jack Frost 2" est con "con".
L’humour ne marche pas, il y a quelque chose qui ne va pas dans le rythme (lors de la chute de l’enclume, par exemple), ou dans le jeu (le personnage de Captain Fun, quoique je doute que quiconque puisse rendre drôle un tel chieur).
Je ne comprenais même plus trop quel était le degré d’humour adopté, vers le début du film, quand on se retrouve devant l’aéroport de la petite ville de Snowmonton. En voyant le panneau indiquant l’aéroport, je trouvais ça absurde et amusant que le réalisateur fasse comme si un patelin paumé comme ça pouvait avoir son propre aéroport… mais ensuite on nous le montre, c’est un bâtiment pas plus grand que la cabane dans les bois d’Evil dead, sur lesquels on a apposé des bruitages d’aéroport. On ne filme pas ce lieu en plan large, au contraire on dirait que le réalisateur a voulu resserrer son cadre autant que possible tout en rendant possible la présence de plusieurs acteurs dans le champ.
C’est là qu’on ne comprend plus trop ce qu’on veut nous faire croire ou non. Je pense qu’un plan large, justement, aurait été nécessaire pour insister sur le ridicule de l’idée, qu’il n’y ait aucun doute que le second degré était recherché ; là je me suis demandé si le réalisateur cherchait à prendre ses spectateurs pour des cons.
L’idée de génie de cette suite, c’est d’installer son action sur une île tropicale. Je m’imaginais déjà me marrer en voyant cette image : le bonhomme de neige sur la plage, au milieu des palmiers.
Bah non, c’est pas drôle dans le film, du moins l’aspect farfelu n’est pas vraiment exploité comme ça.
Même les quelques idées sympas, comme Jack qui s’incarne en des glaçons ou alors les boules de neige vivantes, c’est mal utilisé. C’est mou, ça traîne, c’est pas drôle.
Jack lui-même, qui m’amusait par l’énergie avec laquelle il enchaînait les répliques débiles dans le premier film, n’est plus drôle.

A la moitié du film, ca devenait vraiment trop ennuyeux, j’ai passé des bouts.
Jeremy Paige, le co-auteur de l’histoire du premier film, n’est plus de la partie dans "Jack Frost 2", mais pourtant le réalisateur reste le même, c’est Michael Cooney, et il était déjà celui qui avait rédigé le scénario du premier épisode. Je me demande ce qui peut expliquer ce problème de différence de qualité entre les deux films. C’est pas comme si Cooney avait été contrôlé par quelqu’un d’autre sur "Jack Frost" afin de rester sur la bonne voie, si ?
Le premier film bénéficiait de meilleures intuitions, là il n’y a plus rien. Cooney a dû vouloir essayer quelque chose de différent, un film à l’humour différent qui demanderait bien moins de réflexion à la conception ? Quitte à trahir la caractérisation d’un des personnages du premier film (L’agent Manners dans le premier film était un pro dont le sérieux contrastait bien avec le délire autour ; dans cette suite c’est devenu un guignol) ?
En tout cas, c’est un fail.

La BA : http://youtu.be/g-n196LhWGo
Le titre du film dans la BA est bien mieux animé que dans le film, où on croirait une animation de Windows movie maker... un comble.
Fry3000
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Des prises de vue qui sortent de l'ordinaire et Noël, c'est l'horreur

Créée

le 12 déc. 2012

Critique lue 1.8K fois

Wykydtron IV

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

D'autres avis sur Jack Frost 2: Revenge of the Mutant Killer Snowman

Du même critique

Mr. Robot
Fry3000
4

L'hacker a ses raisons (Saison 1)

Spoilers ahead. Je suis du genre à me méfier des séries qui font le buzz ; ce n'est que lorsque l'enthousiasme des débuts retombe et que les avis sont plus variés qu'on peut se faire une meilleure...

le 23 août 2016

54 j'aime

3

Breaking Bad
Fry3000
4

Le daron de la drogue

En dépit de tout le bien que je lisais ou entendais de toutes parts sur la série, c’est suite à la lecture, il y a presque deux ans, de la fameuse lettre totalement élogieuse d’Anthony Hopkins...

le 18 juil. 2015

54 j'aime

61