Les 3 premières minutes de Jack Reacher sont dantesques. Pensez-donc : un psycho flingue à tout-va en mode Counter Strike. Comme ça. En pleine après-midi et sur les bords de Marne. Avec un fusil à lunette dans la plus pure tradition Kennedy. Voilà, 3 bonnes minutes.
Et le film reste excellent jusqu'à ce que les protagonistes se mettent à parler.
Parce qu'à partir de ce moment précis c'est la vrille.
Voyez vous-même : le psycho se fait coffrer dès la 4ème minute. Perrier c’est fou quoi.
Mais, lors de son interrogatoire, le coupable que tout accable écrit sur sa feuille de papier : "Get Jack Reacher" alors que le super detective black ainsi que le procureur attendaient ses aveux (à posteriori nous aussi puisque cela nous aurait épargné 110 minutes bien éprouvantes).
Quelques centièmes de secondes après avoir griffonné ce message, Jack Reacher déboule tel Mary Poppins !
Tom a donc SENTI qu'on avait besoin de lui, pas besoin de lui envoyer un MMS ! Tom est descendu de son nuage magique avec son mojo.
Tom/ Jack c'est un mec qui a trempé dans de sombres affaires très black ops, une sorte de Colombo chez les militaires en moins crado. Il n'a pas de téléphone, pas d'adresse mail voire pas d'adresse tout court et il tire sa thune chez Western Union quand il veut s'acheter des fringues au surplus militaire du coin.
Quelques dialogues surréalistes plus loin, surgit Rosamund Pike (que j'avais confondu avec Laura Dern en me demandant comment elle pouvait être aussi bonne 20 ans après Jurassic Park, pauvre de moi).
Rosamund est avocate et doit défendre l'indéfendable psycho que tout accuse.
Tout ce beau monde se retrouve dans un couloir et on se demande si le film ne va pas switcher en position "Very Bad Cops" tellement personne n'y croit :
- "Mais qui êtes-vous ?
- Je suis Jack Reacher.
- Et toi t'es qui, t'es la fille du proc ?
- M. Reacher ! C'est pas votre ami le psycho ?
- Pourquoi il nous a demandé de vous trouver ?
- Qui vous a prévenu que nous étions là ? Le type vient juste d'écrire votre nom sur une feuille de papier !
- Bon je le connais pas ce type. J'ai un bus à prendre."
Et voilà Tom prend le bus et fait mine de se casser en plaquant méchamment Rosamund dans sa Merco Blanche Bouge ton boule baby.
Eh puis non ! Tom descend du bus. Il a changé d'avis. Il veut bien aider la bombasse à mener l'enquête. C'est Tom Cruise quoi, il fait ce qu'il veut. Il rentre, il sort en mode Belsunce breakdown quoi.
Bien sûr, certaines personnes quittent déjà la salle tout en se retournant un peu en configuration "WTF ?".
D'autres rient sans que l'on puisse savoir s'il s'agit d'un rire sarcastique ou très premier degré (depuis le succès des "Chtis" et/ ou de "Populaire" + l'élection de Hollande, la France de façon générale m'inquiète).
Et puis on s'aperçoit que Tom est un fin psychologue puisqu'il demande à madame gros nichons (avocate du meurtrier) d'aller poser des questions aux familles des victimes.
Voilà.
Un peu comme si les avocats de John Allen Muhammad (mais si, le mec qui butait des clients de station service à Washington) questionnaient les "relatives" du genre "alors il était comment votre fils ? Pourquoi mon client l'a t-il tué d'après vous ?"
Fort, très fort.
Tom a des idées, des tonnes d'idées. Il se dit "ah c'est trop gros tout ça, on fait fausse route. C'est une mise en scène !" Mais bon, on tient le choc parce qu'on se souvient de l'intro et on se dit waou va y avoir de ces révélations là-dedans.
Et puis Tom va dans un bar. Alors attend, quand Tom entre eh bien les filles, elles s’évanouissent. Oublié la scientologie, et les sauts de carpe sur le canapé d'Oprah Winfrey. Tom est maboul dans la vraie vie mais dans le film personne ne le sait.
Tandis qu'il est tranquille assis sur sa banquette en buvant son thé vert et qu'il réfléchit à sa petite affaire et bien une meuf se pointe et lui propose la totale. Mais Tom ce n’est pas un mec comme ça (Tom est queer à l'instar de Vin Diesel, ndlr). Tom la traite de pute, il la vanne la gamine. Elle s'excite, elle appelle des potes. "Eh les mecs ! Il m'a traité de pute !". What ? 5 mecs se pointent pour en découdre avec l'homme de petite taille. Celui-ci leur déconseille d'en venir aux mains car ils vont le regretter. Ba oui attend, c'est une sorte de shaolin mi-Robin, mi-Condorman. Il file des bourre-pifs incroyables à la quasi-totalité du crew avant que la police n'arrive et lui intime l'ordre de poser son genoux à terre.
Nous pourrions évoquer d'autres séquences. Tom joue à Need for Speed en Camaro SS (pas mal du tout).
Tom ne perd pas connaissance quand on lui balance un méchant coup de batte de base-ball tout alu en pleine nuque,
Tom échappe à la police en prenant le bus (tout simplement)... Parce que Tom, il va changer d'apparence dans la foule. Oui. Un noir qui ressemble à Morgan Freeman (de loin) lui file une casquette pour se déguiser. C’est tout. Il fuit en bus. Coiffé d'une casquette, Tom est méconnaissable.
Je ne vais pas m'autoriser à spoiler le final qui vaut à lui seul un peu plus de 6.50 euros. Sachez que le cameo de Werner Herzog en configuration moignons c'est très mignon (syndrome Marion Cotillard dans de Rouille et d’Os ?).
Et, pour terminer sur une note ultra-positive, signalons la véritable performance de Robert Duvall qui n'a peut-être pas vu le film dans sa version director's cut et qui n'a probablement pas lu le début de l'histoire.
Très chèr(e)s, nous espérons seulement vous avoir convaincu d'aller voir ce film.
