Loin du culte du tuning que laisse présager son titre, le film Jackie s’éloigne tout autant de la légende bâtie autour de la famille américaine la plus admirée de l’histoire. Précurseur de l’utilisation intensive des médias pour entretenir cette image, les Kennedy exercent encore une fascination alimentée par un destin tragique encore irrésolu. Porté par un réalisateur non-américain, le film prend dès lors du recul et se concentre sur le difficile exercice de deuil de la veuve Kennedy qui cherche par la même à perpétuer le culte de l’image.
Faux-rythme constant, scènes pesantes et oppressantes, Jackie est d’une noirceur terrible entretenue par des plans géométriques et une impression d’enfermement. Ce premier degré en fait sa force, loin de l’académisme du sujet, mais aussi sa faiblesse qui empêche finalement d’autres niveaux de lecture et surtout une once d’empathie pour le personnage principal. Nathalie Portman est irréprochable dans sa performance, mais le rayon de soleil vient du baroud d’honneur de John Hurt qui délivre une vision de la vie qui prend encore plus de sens avec sa disparition.