Film d'ouverture de la 18éme édition de l'Arras Film Festival, Jalouse est une œuvre de David et Stéphane Foenkinos. Après un premier long en tandem pour Délicatesse, les frères réitèrent, dans un registre similaire, cette fois pour suivre les déboires de Karin Viard.


Nous sommes donc placé aux côtés de Nathalie Pêcheux, mère célibataire de 50 ans, qui entre dans une spirale infernale à l’aube des 18 ans de sa fille. On suit ses tribulations dramatico-comiques, où son entourage va subir son courroux.


La force de l’œuvre réside dans la capacité à fournir des scènes ayant une tonalité variable en fonction de l’appréhension du spectateur, de ses propres expériences. Pour que cela fonctionne, il faut donc des protagonistes crédibles vivant des expériences universelles dans un environnement réaliste. Les lieux sont donc banals : maison, école, piscine, cimetière… Les situations parlent au plus grand nombre, car elles résident essentiellement dans des interactions entre individus d'un statut équivalent : voisins, famille, amis… Quant aux personnages, ceux-ci sont tourmentés par des dilemmes très convenus : L'estime de soit et la concurrence permanente envers les autres, principalement.

De ce fait, ces différents facteurs permettent une implication totale du spectateur et le pousse à se mettre à la place de Nathalie. En épousant essentiellement le point de vue de cette dernière, l'immersion en est décuplée. On est ainsi amené à imaginer notre réaction dans chacune des situations vécues par ce protagoniste. De même, bien que chaque action effectuée est limpide en terme de motivation, il est difficile de prédire la trajectoire que va prendre le récit. La limite entre situations légères et tragiques étant très fine, elle empêche cette capacité d'anticipation.


La prestation des acteurs est plutôt remarquable, car le sujet nécessite de rendre naturel l'ensemble des interactions. Nous arrivons dans un environnement où les personnages ont un long passif. Il faut donc que cela soit palpable sans avoir la sensation d'être dans une mise en scène, sans que leur passé ne paraisse factice.

Fort heureusement, les réalisateurs se sont entourés d'une équipe talentueuse, Karin Viard en tête de file. Elle réussit à retranscrire cette fragilité, qui l’habite, masquée par ses actes odieux. Il nous est ainsi difficile de haïr le personnage étant donné qu'on comprend totalement ses motivations et la détresse qui en est le moteur.

Le reste des personnages bénéficie de la même attention quant à la complexité de leur personnalité. La plupart possèdent une double facette que l'on découvre au fil du temps.
Cette finesse d'écriture se trouve aussi dans les dialogues. Les échanges sont un vrai régal. Ils offrent une certaine dynamique rendant des scènes, en principe banales, très mouvementés. On se laisse ainsi porter par le film au gré des évènements sans se lasser des péripéties narrées.


En somme, Jalouse est une belle surprise. Porté par une Karin Viard habitée par son personnage, l’œuvre nous implique totalement dans cette histoire drôlement tragique. Une agréable expérience cinématographique et un excellent film de lancement pour l’Arras film festival.

tzamety
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le 8 nov. 2017

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