Jappeloup par Hugo Harnois
Notre destinée se joue à peu de choses. Il suffit d'une chute et notre vie entière est remise en question. Promis à un avenir de cavalier, Guillaume Canet tombe de cheval à 18 ans. Quelques années plus tard, il devient l'un des comédiens les plus talentueux de sa génération. Aujourd'hui, il co-écrit avec Christian Duguay Jappeloup, la formidable ascension de Pierre Durand jusqu'au Jeux Olympiques de Séoul. Un beau clin d'œil à sa vie personnelle...
Sujet casse-gueule, le film aurait pu tomber dans des pièges pathétiques faciles, mais il les évite tous grâce à une plume fine qui vise les sentiments tout en étant juste. La relation père-fils est bien traitée, par la présence de Daniel Auteuil (toujours impeccable) d'abord, mais aussi par des dialogues qui arrivent à toucher l'essentiel. Idem pour le couple Hands-Canet, efficace dans tous leurs face à face. La très bonne musique (due sûrement à la présence de Canet) permet de dynamiser et d'embellir un ensemble franchement cohérent.
Jappeloup réussit à nous intéresser à une discipline peu diffusée en France, grâce à une narration bien rythmé en alternant les passages lents (moments intimes), et plus rapides (phases de compétition). En outre, Duguay n'hésite pas à provoquer le spectateur en optant pour des partis pris de mise en scène bien pensés, avec des ralentis esthétiques et une photographie alléchante.
Pour gagner en expérience, il faut faire des choix et prendre des risques. Ces haies à franchir sont vues comme des obstacles à la destinée de Pierre Durand. Et si nous savons pertinemment comment la destinée du cavalier va s'accomplir, cela ne nous empêche en rien de trembler pour lui, à chacun de ses sauts. C'est ce que l'on appelle la magie du septième art.