Jarhead - La Fin de l'innocence par Maqroll
Remarquable film sur la guerre… et non de guerre. Il y a une différence notable qui a apparemment échappé à tous ceux qui attendaient ici des coups de feu et du sang. Sam Mendes signe là une troisième œuvre très estimable après le remarquable - et remarqué - American Beauty et le décevant Les Sentiers de la perdition. Dans le rôle principal, celui d’un Marine égaré dans un univers en folie, Jack Gyllenhaal est tout du long d’une justesse appréciable. En dehors du début, volontairement tape-à-l’œil dans le style Full Metal Jacket pour égarer le spectateur naïf, le reste du film est d’une sobriété d’école, sans pathos ni procédé. Le propos est éternel et produit toujours la même perplexité anxieuse : l’ennemi ne vient pas… que faire alors, dans un désert vide quand on ne s’est préparé qu’au combat ? Comment justifier une position de combattant sans adversaire ? La question (la même que celle du Désert des Tartares) n’aura pas de réponse, même et surtout pas après le retour des « héros » chez eux dans une espèce de Vietnam à l’envers où l’on s’aperçoit que, vu de la maison, la seule chose qui compte, c’est le résultat… La fin est terrible et terriblement réaliste.