La trilogie Bourne conclue, voici qu'apparaissait dans son sillage une sorte de spin-off intitulé L'Héritage, en référence au boxon laissé par le célèbre amnésique derrière lui ; quant à l'intérêt de ce nouveau film, sans Matt Damon qui plus est, on pouvait se questionner sur son utilité et place au sein de la franchise, néanmoins l'arrivée à la réalisation de Tony Gilroy (le scénariste historique de cette dernière) pouvait augurer quelque chose de franchement bon.
Sans surprise, on note d'entrée de jeu une différence avérée quant à la mise en scène : exit la caméra à l'épaule made in Greengrass, place à un ensemble plus classique mais non moins maîtrisé, mais qui paradoxalement (pour ma part) éloigne L'Héritage de l'empreinte visuelle propre à Bourne.
Mais là n'était pas l'enjeu véritable autour de ce film, celui-ci se devant d'apporter quelque chose à la précédente trilogie : le choix de placer son intrigue en parallèle des événements du précédent opus était dès lors judicieux, ceci permettant à L'Héritage de multiplier les connexions tout en étoffant l'univers précédemment instauré ; pour autant, si ceci aurait dû légitimer au mieux le développement amorcé par le film, la sauce ne prend pas forcément, la faute à quelques maladresses faisant tiquer.
D'ailleurs, il convient de souligner son apport scénaristique moindre tant il souffre de la comparaison avec les Bourne(s) originaux, la faute à une trame globalement convenue et à la finalité prévisible ; L'Héritage partait pourtant pas trop mal, la première heure est plaisante et bien rythmée, bien que parsemée de facilités, tout en laissant entrevoir peu à peu les limites de l'intrigue.
L'antagoniste campé par Edward Norton (que j'apprécie grandement) est notamment transparent à souhait, tandis que la figure principale Aaron Cross, bien qu'interprétée efficacement par un Jeremy Renner tâchant de combler l'absence de Matt Damon, apparaît comme trop peu approfondi pour pouvoir égaler ce bon vieux Jason ; et puis bon, une fois le périple liant l'agent d'Outcome à la scientifique Marta Shearing (Rachel Weisz est toujours aussi charmante) débuté, le film bascule définitivement dans le banal, comme peuvent en attester des péripéties vues et revues, cousues de fil blanc en l'espèce.
Il manque entre autre à cet Héritage une certaine envergure scénaristique, la quête de pilules ne constituant par une trame follement captivante, ce qui est bien dommage tant le long-métrage affiche des qualités à même d'en faire un thriller d'espionnage convaincant... mais inférieur à la trilogie originale.
Bref, tout n'est pas à jeter dans ce film de Tony Gilroy, on en sort seulement mi-figue mi-raisin, celui-ci bénéficiant de prestations d'acteurs réussies mais souffrant de son classicisme. A voir malgré tout.