Jin-Roh - La Brigade des loups
7.4
Jin-Roh - La Brigade des loups

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Okiura (1999)

Jin-Roh est un conte saisissant basé sur un sujet on ne peut plus d'actualité (un sujet intemporel de fait..), les conflits politiques et sociaux qui secouent les pays au fil des années.
Sa façon de traiter ce sujet si épineux qu'est la guerre et les traumatismes qu'elle engendre (la guerre au sens large, civile en l’occurrence), couplé à une analyse de la condition humaine est intéressante, très pertinente et juste tout en restant simple d'accès et compréhensible pour le plus grand nombre.


Le film gagne en profondeur grâce aux multiples niveaux de lecture (Certains y verront une simple histoire d'amour impossible entre un soldat et une civile impliquée criminellement, d'autres y verront, comme je l'ai dit plus haut, une analyse des affres de la guerre et de ses conséquences sur le fonctionnement d'une nation, ses rouages et tout ce que ça implique sur un plan sociétal comme psychologique). La narration est solide au même titre que le script, très inspirés, j'aurais peut-être cependant un bémol concernant l'analogie implicite au Conte du Petit Chaperon Rouge et son utilisation faite à travers les dialogues, que j'ai eu tendance à trouver un peu trop forcée, une façon de garder un fil conducteur de fond pour tenir le spectateur en haleine, mais qui laissait au final l'impression de tirer trop sur le cordon, la métaphore est étirée à l'extrême et aurait gagné à plus de subtilité à mon avis.
Quoi qu'il en soit les dialogues sont inspirés, avec beaucoup de phrases courtes et de discussions subtiles qui renvoient une fois de plus aux différents niveaux de lecture que l'ont peut déceler tout le long du film, avec une approche sentimentale de la prose, et son pendant plus psychologique. Tout ce travail sur la narration et l'ensemble des dialogues du métrage contribue à apporter de l'épaisseur à un film qui, du fait des sujets qu'il aborde, est déjà très dense de base.


Dense également de par sa réalisation, assez austère, le film est constitué de plans longs, nappés d'une atmosphère extrêmement pesante : beaucoup de scènes de nuit ou sous une pluie battante, un ciel la plupart du temps noir-gris, des paysages urbains majoritairement, une avalanche de scènes en intérieur avec des plans serrés qui contribuent à installer une ambiance assez étouffante au fur et à mesure que l'intrigue se tisse.


Niveau animation je n'ai pas le souvenir d'avoir été choqué dans un sens ou dans un autre, je dirais qu'on est sur quelque chose de très réussi sans aucun doute, mais rien de transcendant non plus, non là ou Jin-Roh tire son épingle du jeu, c'est incontestablement sur les décors et la direction artistique.
Le Tokyo de Jin-Roh est sombre, chaotique, presque en avance sur son époque (on est en 1950, soit quelques années après la défaite du Japon durant la seconde guerre mondiale), l'architecture est ultra industrialisée, on a l'impression d'évoluer dans un genre de Neo-Tokyo façon Akira, mais en moins moderne tout de même. Les officiers de la Posem sont terrifiants, notamment dans tout ce qu'ils ont d'anachronique par rapport à leur époque, et font écho (volontairement ou non) aux Waffen-SS de l'Allemagne Nazie, avec leur discipline aveugle, mais aussi leur attirail militaire, et leur apparence quasi surnaturelle. http://puu.sh/jTM62/9b09e73062.jpg


Pour finir et pour revenir dessus car c'est quand même l'un des points les plus importants de Jin-Roh, et autour duquel s'articule toute sa mise en scène, l'analogie au petit chaperon rouge est à mon sens brillante, son (apparente) légèreté en total décalage avec les thèmes de fond du film apporte un paradoxe intéressant, l'analogie est malheureusement un peu lourdement explicitée parfois comme je l'ai dit plus haut.


Je conseille donc ce film à tous, dans le sens où il plaira je pense à tous les publics, amateurs de films de guerre, amateurs de films SUR la guerre, de drames, de romances légères et subtiles, de critiques sociétales, ou tout simplement de divertissement sans prise de tête.

Sinbad
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le 30 août 2015

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Sinbad

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