J’aurais pu venir vous parler de l’excellentissime Gone Girl, ou encore du très bon Interstellar, mais non. Dans cette critique, je veux relancer l’intérêt pour un petit film sans prétention, passé inaperçu à cause d’une réputation qu’il ne mérite pas (celui du film d’action « mouais ») et ainsi réhabiliter cette jolie surprise comme il se doit. Ce film, c’est John Wick.

John Wick, c’est un pitch à la con. La femme de John Wick meurt et le film commence alors qu’il assiste à son enterrement. De retour chez lui, un service d’animalerie lui laisse un petit chien que lui lègue sa femme défunte pour que John Wick ne souffre pas trop de la solitude, avec sa belle bagnole. Evidemment, le chien est rigolo et John Wick s’attendrit facilement, malgré le regard du mec blasé dont il fait preuve avec aisance (John Wick, pas le chien – ça reste un chien, il peut pas avoir de regard blasé – ou alors c’est un bon acteur – le chien, pas John Wick). Alors que John Wick fait le plein d’essence tranquillou, il est alpagué par trois jeunes bolcheviques qui viennent lui chercher des noises, et dont l’un d’eux, copie conforme du sale traître des Stark, aimerait bien acheter sa caisse. Evidemment, John Wick dit non. La nuit venue, les trois cousins soviétiques l’assomment et le mec de Game of Thrones bute son chien (gratuitement, en plus), tout en s’emparant de la fameuse bagnole sus-mentionné quelques mots plus tôt. John Wick est pas super content. Mais il se trouve que Theon Greyjoy, c’est aussi le jeune fiston du parrain russe du coin, qui se trouve aussi être l’ex-employeur de John Wick, et accessoirement le mec de Millenium - l'original. Et le mec de Millenium, il sait qu’il fallait pas faire chier John Wick.

Bon, vous pourrez le constater, la base de l’histoire est quelque peu « légère ». Mais ce serait s’arrêter sur un menu détail tant le reste du film prend le spectateur avide de film d’action de bon aloi par surprise. Au fur et à mesure que l’action commence, on comprend alors tout le concept de la légende « John Wick ». Le film introduit constamment que ce mec est une sorte de croque-mitaine, le genre de type qu’il vaut mieux pas emmerder. C’est là tout le sel du film: construire une sorte de mini-univers franchement plaisant, où les tueurs à gages vivent dans un univers clos, représenté par cet hôtel aux règles stricts et où les personnages évoluent dans un milieu réservé à l’élite. La force du film est de dévoiler ces petites choses au fur et à mesure, sans jamais préparer le spectateur en lui faisant croire que c’est le concept du siècle. Ça paraît con comme ça, mais réussir à introduire des éléments un peu nouveau sans qu’on le prépare au préalable fait que le spectateur découvre avec un sourire non dissimulé, des petits plaisirs simples et fun, de la découverte de plein de petits seconds rôles franchement plaisants (Clarke Peters – Big Chief dans Treme, Willaem Dafoe, Ian McShane – Al Swarangen dans Deadwood, Lance Reddick – Lt Daniels dans The Wire et j’en oublie) aux multiples facettes de cet univers (l’hôtel, les jetons qui servent d’échange, les nettoyeurs).

Et un film d’action ne serait pas un film d’action sans les scènes d’action. Ici aussi, c’est une grosse surprise: pas de shaky cam dans tous les sens, pas de montage épileptiques. Pour renforcer le côté froid, mesuré, précis du personnage de John Wick, les plans sont longs, joliment cadrés, bien composés. Keanu Reeves enchaîne les tirs avec précision, ne gaspille pas de balles, enchaîne les ennemis et les achèvent au sol. C’est violent, brutal, et donne vraiment cette impression de tueur sans pitié à John Wick, le genre de mec qui ne laisse aucun survivant. Au point de se demander, lorsqu’il menace des gens innocents, s’il ne va pas les flinguer eux aussi. Le film en profite même pour le passer presque pour un malade mental, puisque les méchants lui rappelleront à chaque occasion que tout est juste parti du meurtre de son chien. Avide d’amour à cause de la mort de sa femme, certains scènes pourraient même passer crédible ce tueur presque psychopathe qui se sert de cette excuse peu convaincante pour assouvir ses pulsions qu’il gardait caché depuis un moment.

Bref, John Wick est une vraie bonne surprise. Il n’est peut-être pas aussi ambitieux que les films cités en première ligne, mais bénéficie d’un vrai soin, de superbes scènes d’action pour une fois lisibles et franchement jouissives, et arriverait presque à retourner son postulat de base débile pour s’en servir comme la psyché de son personnage principal, j’irais même presque à dire que ça en est brillant. Il y a des petites maladresses qui fait que la plupart des gens y verront un actionner sans cervelle mais honnête et divertissant (et je les comprends aisément), mais au milieu de toute cette bouillie visuelle que nous inflige trop souvent les films d’action, c’est d’une fraîcheur inattendue.
Cronos
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le 11 nov. 2014

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