Ce projet avait toutes les cartes en main pour être ignoré voire, vilipendé par la critique et le public dans la mesure où, on retrouve un acteur qui n'est plus en odeur de sainteté auprès des spectateurs, un scénariste qui a travaillé sur des direct-to-video avec Dolph Lundgren, mais aussi deux réalisateurs qui débutent et qui sont surtout connus à Hollywood en tant que cascadeurs et réalisateurs de seconde équipe. Toutefois, si le film est bon, c'est grâce (entre autres) à la combinaison du travail effectué par ces quatre personnes sus-citées. Keanu Reeves porte l'oeuvre sur ses épaules, David Leitch et Chad Stahelski injectent un style singulier aux séquences mouvementées, et enfin Darek Kolstad apporte dans son écriture un soupçon d'émotion et de personnalité à ce monde mettant en exergue les plus gros malfrats de New-York.
Contre toute attente, j'ai trouvé les scènes du début très touchantes, que ce soit à propos de la maladie de la femme de John Wick ou bien de la relation qu'il a avec le chiot (et pourtant, d'habitude je n'ai aucune affinité avec cet animal), ça va directement à l'essentiel et ça fonctionne. J'ai été agréablement surpris par cette efficacité et cette concision dans la narration, avec pour ne rien gâcher, de vraies idées de mise en scène. En un quart d'heure on assimile sans mal les enjeux, les motivations et la solitude qu'éprouve le personnage principal.
Et ça, mine de rien, c'est un tour de force puisqu'ils ont réussi à rendre crédible (avec des scènes toutes simples) un concept de scénario qui est d'une bêtise abyssale sur le papier: un ancien tueur à gage décide de reprendre du service car des truands ont dessoudé son animal de compagnie. Comme je l'ai évoqué ci-dessus, ça fonctionne à fond par petites touches durant l'introduction, mais aussi bien plus tard quand notre anti-héros fait son monologue attaché à une chaise: il raconte avec virulence le petit espoir que représentait le cadeau de sa défunte femme.
Autre aspect positif en ce qui concerne l'histoire: c'est d'avoir crée un monde du crime assez surréaliste, les criminels ont leur propre monnaie, leur propres règles, ainsi que leur propre hôtel de luxe. Ca donne une patte particulière au film, lui permettant de sortir d'un certain carcan inhérent au genre. Le style est tellement marqué, qu'on a presque l'impression que le long-métrage est une adaptation d'une bande dessinée ou d'un jeu vidéo.
Pour ce qui est des scènes d'action c'est très bon, ceci dit, pour être honnête, je m'attendais à mieux, néanmoins les deux cinéastes livrent le boulot de manière efficace et jouissive. John Wick a la particularité d'utiliser ses flingues comme des armes blanches, s'il doit plomber ses antagonistes à bout portant et dans la tête, il ne s'en prive pas, bien au contraire. Et à ce titre, la séquence du night club est un carnage, au départ il est en mode infiltration, mais une fois qu'il est repéré par la sécurité ça défouraille à tire-larigot. Il y a tellement de morts qu'on ne les compte plus. C'est incontestablement, le meilleur moment du film, en revanche ce qui est regrettable c'est que ce passage intervient en plein milieu de l'histoire, par conséquent, le climax est forcément décevant: il n'y a pas de véritable crescendo, les scènes de bravoures ne sont pas structurées ainsi, malheureusement.
Cela fait parti des petits défauts, tout comme l'abus du montage alterné, la musique omniprésente (bien que sympa et énergique dans son ensemble) et aussi quelques scènes un peu trop longues. Je pense notamment à l'instant où le protagoniste principal met en place sa vendetta, mais aussi et surtout quand on bascule du côté de la mafia Russe, c'est un poil redondant en fin de compte. Il aurait peut-être fallu couper une poignée de minutes afin de rendre la narration plus fluide.
Mais je ne boude pas mon plaisir pour autant car je me suis bien amusé et, cerise sur le gâteau, j'ai été ému, chose qui me paraissait inconcevable avant la séance. J'espère sincèrement que le succès soit au rendez-vous et j'espère voir, par la suite, John Wick se décliner en franchise. On tient un bon personnage, iconique à souhait, puis l'univers a un certain potentiel tout de même.