Que quelqu'un donne à John Wick... la notice d'un stylo !

Rappel des faits. John Wick, c'est le gars qui n'aime pas être emmerdé, et qui ressemble vachement à Thomas A. Anderson. Ce qui lui confère deux avantages non négligeable : une classe ultime et un niveau ceinture noire en arts martiaux, car "il connaît le kung-fu". Quand on l'a laissé en 2014, ensanglanté et seul, il avait terminé son énorme ménage de printemps après avoir perdu femme, chien et voiture. Il lui manquait juste une chose à régler : récupérer sa Ford Mustang de 1969.


Ce qui devait donc être un final épique dans John Wick devient une introduction badass dans John Wick 2. Une séquence qui remet dans le bain instantanément, alliant parfaitement carnage de bolides et combats rapprochés. Les victimes tombent comme des mouches, pendant que Keanu Reeves en prend lui aussi plein la tronche, mais toujours avec classe. Un début génial en somme.


Et quand tout rentre dans l'ordre, que Mr Wick s'est bien défoulé et en a définitivement fini avec toutes ces racailles russes, v'là ti pas qu'un rital au charisme aussi profond qu'un pied gauche décide de tenter sa chance (comprendre : se débarrasser de post-Neo). Son idée à la con ? Faire exploser sa baraque, soit le dernier bastion des souvenirs de sa défunte femme (ouais, on nous refait le coup des flash-back du couple, magnifique...). Forcément, là, John Wick voit rouge.


Tu la vois arriver la suite ? Où ça va saigner sévère pour avoir fait brûler sa commode Ikea préféré ? Où tout le monde va en prendre pour son grade pour avoir tenté de les tuer, lui et son nouveau chien ? Oui alors, ne te réjouis pas trop vite. Car avant de partir en croisade, le légendaire Baba Yaga va retourner pleurer au Continental, cet hôtel qui abrite les tueurs du pays, et faire un voyage à Rome pour tester les salles de bains de luxe plus grande que ton appart miteux, participer (encore) à une rave-party ou visiter des catacombes où on voit que dalle.


Et c'est là que John Wick 2 perd des points. Quand le récit condensé du premier conférait un impact dans l'action sans précédent, la suite perd un temps infernal à présenter une fois de plus son univers. On nous remontre le Continental, avec son mec à l'accueil et son patron intouchable, pour ensuite nous servir la même sauce version bouffeur de spaghetti à Rome. Puis comme il s'agit de continuer à approfondir le bordel, ça rajoute ça et là des éléments certes raffinés, mais sans aucune originalité (Mr va chez le "tailleur", Mr va chez le "libraire" et Mr va chez le "sommelier"... lui manque plus que d'aller chez le "barbier" !). Bref, un petit côté James Bond dont on se serait franchement bien passé...


De plus, le film est trop bavard pour ce qu'il a à raconter - c'est à dire pas grand chose. Ça s'étale inutilement en longueur, la première partie n'étant qu'un prétexte à montrer les rouages du monde des tueurs, avec tout ce qu'il faut de règles, de dettes et de respect. C'était pourtant l'élément ultra intéressant dans John Wick premier, mais qu'ils n'ont pas réussi à reproduire ici, à vouloir trop en faire. Avec cette sensation un peu désagréable d'avoir été pensé comme un épisode qui lançait un troisième opus.


En revanche, et là c'est du lourd, la partie "jte rentre dedans avec du gravier t'inquiètes tu vas aimer" est tout simplement magistrale. Plus violents, plus intenses, mais pas forcément plus spectaculaires (dans le bon sens du terme, on sait ce qu'il se passe souvent avec les suites), les moments de bravoure offrent un spectacle jubilatoire, dont certains sont vraiment frappadingues. Comme dit plus haut, l'intro en fait partie, oui, mais pas que : la séquence infinie du métro et en général les affrontements entre Keanu Reeves et Common (ces quelques 10 secondes de gun-fight au silencieux, quel pied !), la scène finale des miroirs, le carnage durant une soirée mondaine... la liste est longue (d'ailleurs, que quelqu'un dise à John Wick comment on se sert d'un putain de crayon !).


Et le point fort de ce John Wick 2 frénétique dans sa deuxième heure reste la caméra élégante de Chad Stahelski. Sans être foncièrement originale, sa réalisation fluide permet d'apprécier tranquillement toutes les prouesses d'un Keanu Reeves en grande forme ainsi que les chorégraphies surprenantes. Ça passe aussi bien par de cruciaux plans larges qu'un montage millimétré, comme savent si bien le faire les polars hongkongais (la créativité en sus).


Un dernier mot sur les retrouvailles Morpheus/Neo ? N'hésitez pas à zapper la scène si vous voulez que le souvenir de Matrix reste intact. Laurence Fishburne y est complètement inutile - tout en retrouvant son personnage dégueulasse de Predators - et pour couronner le tout, aucun dialogue meta ne vient combler un fan-service attendu. Ça aurait pu être catastrophique, mais quand on voit l'immondice de ce moment, un clin d'oeil, même subtile, aurait pu apporter un quelconque intérêt.


POUR LES FLEMMARDS : Un récit plus condensé, moins bavard et moins inutilement étalé aurait eu beaucoup plus d'impact. Mais le pur plaisir réside dans les séquences d'action, plus furieuses, violentes et classes, servi par un Keanu Reeves toujours aussi charismatique.

Créée

le 1 mars 2017

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