Le fond est loin d'être aussi lisse, clinquant, putassier et consensuel que la forme. Il y a une réelle réflexion politique sur la notion d'ami / ennemi qui mérite qu'on s'y attarde. Le genre de films faussement pseudo-subversif, ou mauvaise arnaque intellectuelle, que la notion d'ennemi chez Carl Schmitt et celle d'ami chez Aristote peuvent aider à éclairer. La neutralité politique comme véritable ennemie puisqu'elle met en crise l'amitié d'abord pensée comme a-politique mais qui devient en définitive une forme de résistance. Loin d'être aussi consensuel qu'il n'y parait donc. La fin c'est un peu le Exilé du pauvre mais comme pour Johnnie To le médium photographique est porteur de pas mal de sens dans le film et dans le cinéma de Park Chan-Wook en général... enfin bon, curieux film, pas si mauvais qu'il en a l'air, quoique finalement trop boursouflé par la mise en scène de Park Chan-Wook et ses effets de scénarios.
"Commission de Supervision des Nations Neutres ? Le monde se divise en deux catégories. Les rouges et leurs ennemis. Les neutres n'ont pas leur place ici. Il faut choisir son camp. Tu as fait des études de droit, je suis sûr que tu feras le bon choix." Chose assez drôle, en parodiant la citation culte de Leone qui reprenait la dialectique hégélienne, on tombe ici sur un enjeu a priori manichéen mais qui semble, pour sa référence au domaine du droit, faire référence au plus fameux juriste allemand. Car même si le personnage qui sort cette réplique nous semble de prime abord antipathique le film ne cessera de lui donner raison : la neutralité est le véritable antagoniste du film.