C'est un cri de détresse troublant et magnifique.
"Ce qui fait l'unité de la civilisation capitaliste, c'est l'esprit qui l'anime, c'est l'homme qu'elle a formé. Il est ridicule de parler des dictatures comme de monstruosités tombées de la lune, ou d'une planète plus éloignée encore, dans le paisible univers démocratique. Si le climat du monde moderne n'était pas favorable à ces monstres, on n'aurait pas vu en Italie, en Allemagne, en Russie, en Espagne, des millions et des millions d'hommes s'offrir corps et âmes aux demi-dieux, et partout ailleurs dans le monde - en France, en Angleterre, aux Etats-Unis - d'autres millions d'hommes partager publiquement ou en secret la nouvelle idolâtrie."
"La Liberté ? Pour quoi faire ?... Pour quoi faire ? c'est-à-dire à quoi bon ? A quoi sert d'être libre ? Et, en effet cela ne sert pas à grand chose, ni la liberté ni l'honneur ne sauraient justifier les immenses sacrifices faits en leur nom, qu'importe ! On convainc aisément les naïfs que nous sommes attachés à la liberté par l'espèce d'orgueil qu'exprime le non serviam de l'Ange, et de pauvres prêtres vont répétant cette niaiserie qui plaît à leur sottise. Or précisément, un fils de nos villes races laborieuses et fidèles sait que la dignité de l'homme est de servir. "Il n'y a pas de privilège, il n'y a que des services", telle était l'une des maximes fondamentales de notre ancien Doit. Mais un homme libre seul est capable de servir, le service est par sa nature même une acte volontaire, l'hommage d'un homme libre fait de sa liberté à qui lui plaît, à ce qu'il juge au-dessus de lui, à ce qu'il aime. Car si les prêtres dont je viens de parler n'étaient pas des imposteurs ou des imbéciles, ils sauraient que le non serviam n'est pas un refus de servir, mais d'aimer."