On a vu avec 1917 il y a quelques semaines comment traiter sérieusement un sujet des plus ancrés dans les mémoires collectives qu’est la première guerre mondiale. Ici avec le nouveau film de Taika Waititi on constate l’envie d’aborder cette fois la deuxième guerre mondiale avec une originalité et un décalage en plus avec la volonté d’aborder la chose par le second degré et l’absurde. On ne peut alors que reconnaître, outre la belle prise de risque du réalisateur, le contraste énorme avec la programmation actuelle des studios Hollywoodien qui fais plaisir à voir, et nous intrigue forcément avant même le début de la projection. Reste à savoir ensuite si le film tient ses promesses tant sur la forme comique que sur le fond du propos… et le résultat est assez décevant. En effet on tente alors durant le récit de montrer l’absurdité du contexte à travers les yeux naïfs d’un garçon perdu entre deux idéologies, lorsqu’il découvre qu’une enfant juive se cache dans sa maison. Les deux personnages vont alors échanger leur point de vue sur la situation, mais tout ceci n’ayant pour finalité que de démontrer l’absurdité d’une idéologie sur laquelle tout le monde est a priori d’accord à présent.
On peut toutefois noter un point crucial que le film a su mettre en place par le fait qu’aucune ambiguïté soit émise par l’ambiance du film dès le début du récit où tout est en effet convenu dès le départ qu’on est là pour rire sans se prendre au sérieux, rejetant tout sentiment de malaise que l’on pourrai avoir pour rire d’un sujet aussi grave. Ainsi le spectateur accepte que ce qu’il voit est une dérision pure, notamment par la scène d’introduction au dialogue totalement absurde, jusque dans la réalisation même qui montre par un air léger les évènements qu’ils soient graves ou absurdes où un simple flou qui dénote est le seul impact d’une grenade que se mange l’enfant au début, le fait d’amener une blague subtilement sans forcément la mettre au centre du carde, ou encore en enchaînant les gros plans sur les visages allemands aux traits grossis et aux discours caricaturaux. On est embarqué dans cet fiction parodique mais qui se perd toutefois à vouloir persister au-fur-et-à-mesure vers un fond de réflexion et de sérieux oubliant parfois la comédie. Le sujet de l’histoire étant à la base quelque peu important, la faiblesse de certaines blagues frôlent tout de même avec le malaise par moment. Le film s’embarque par ailleurs dans de grandes scènes d’échanges entre les deux enfants, certes parfois touchantes par leur dialogue et la naïveté de leur opinion de l’autre, bien qu’elles semblent toutefois trop caricaturales pour être identifiable, pas spécialement drôle, en plus de dénoter avec le rythme de l’histoire qui peine déjà par ailleurs à se mettre en place.
Le semblant de réflexion auquel s’intéresse le film se trouve au travers du personnage principal, cette âme innocente influencé dès ses premières années par l’idéologie nazi qui observe au fur et à mesure l’absurdité dans laquelle il a été élevé. Pour montrer ainsi que c’est à travers lui qu’on observe cette société, on le film très souvent par une longue focale, c’est-à-dire par l’idée de mettre un grand flou derrière lui pour le mettre en valeur par rapport au décor, que l’on comprenne ainsi que c’est lui et ce qu’il pense qui importe, contrairement par exemple à la jeune fille juive qui elle s’inscrit le plus souvent dans de jolies cadres plus esthétiques car elle cherche au contraire à s’intégrer dans son environnement. Le fond du film est vide n’apportant en rien une quelconque réflexion sur quoi que ce soit, les dialogues entre les deux enfants sont parfois très longs, certes touchants par moment lorsque la détresse de la jeune fille est justement dosée mais tout ceci étant beaucoup trop inconstant pour nous rester attaché à ce qu’il se passe.

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le 8 févr. 2020

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