La première fois que j'ai entendu parler du nouveau film de Taika Waititi (réalisateur entre autres de la très bonne comédie What we do in the shadows, du road movie Hunt for the wilderpeople et du dernier Thor) c'est lorsqu'il s'est amusé à tacler Todd Philips qui râlait sur le fait de ne plus pouvoir faire de comédies irrévérencieuses aujourd'hui.
On peut penser ce qu'on veut à ce sujet mais au moins les sorties de Taika Waititi ont toujours tendance à être drôles !
Cette réponse du réalisateur néo-zélandais m'avait permis de prendre connaissance de la sortie prochaine de son Jojo Rabbit. Est-ce que donc ce dernier long-métrage peut être vu comme irrévérencieux ? Un film mettant en scène Hitler l'est forcément non ?


Hé bien... Non. Le film a d'indéniables qualités mais celle-ci ne semble pas en faire partie.
J'ai déjà eu du mal à trouver le jeune garçon jouant Jojo Rabbit vraiment convaincant. Surtout et plus que tout le reste, je n'ai pas trouvé le film réellement drôle (la scène des "Heil Hitler" à répétition est plus lassante que vraiment comique), ayant plus facilement tendance à pencher du côté du drame (une volonté dont ne se cache pas le réalisateur) que de la comédie.
De même, la version fantasmée d'Hitler (incarnée par le réalisateur lui-même) m'a semblé trop incohérente et peu crédible à bien des égards : soit Hitler est trop idéalisé par le jeune Jojo, ressemblant alors à un dictateur de pacotilles dont n'émane ni autorité, ni menace qui pourrait amener la crainte du jeune garçon ; soit lorsque Hitler devient menaçant, la scène perd tout son sens (lorsqu'il observe Jojo et sa mère aux jumelles par exemple). En outre, aucune explication n'est donné pour expliquer la grande fascination dont fait preuve le garçon à l'égard du 3e reich. Bien entendu, tout le monde connait l'histoire et l'importance des jeunesses hitlériennes à l'époque, mais un peu plus de développement à ce sujet n'aurait peut-être pas été de trop (notamment en ce qui concerne l'absence du père de Jojo, assez peu évoqué mais qui semble avoir une certaine importance).


Néanmoins, il est agréable de voir Taika Waititi incarner Hitler, donnant ainsi par le biais de cette version fantasmé un côté totalement absurde au dictateur.
De plus, Scarlett Johansson est parfaite dans le rôle de la mère du petit Jojo, interprétant une femme qui oscille entre grande tendresse, tentatives pour éduquer son fils en essayant de lui faire prendre conscience du côté sombre du 3e reich et moments d'exaltation. Sam Rockwell s'en sort également à merveille dans le rôle d'un capitaine complètement dépassé par les événements et qui a décidé de remplacer l'autorité par l'alcool en attendant la fin de la guerre (et qui serait également un gay qui s'ignore ou qui se cache étant donné la relation qu'il entretient avec le personnage incarné par Alfie Allen, Finkel).


Mais voilà, malgré ces quelques bons points, j'ai eu beaucoup de mal à accrocher au film. L'aspect drame du long-métrage reste néanmoins une réussite, mais qui laisse donc un goût d'inachevé.


Ma scène préférée


Lorsque le petit Jojo déambule sans savoir où aller, plus très sûr de ses sentiments à l'égard du 3e reich. Il découvre que tout ce qu'il a fait jusqu'à maintenant ne valait pas grand chose. Il continue de marcher jusqu'à arriver à la potence, là où sont pendus les traîtres au centre de la ville, et y découvre sa mère.
La scène se déroule en un seul long plan, à la fois extrêmement tragique et très tendre.


La scène durant laquelle Scarlett Johansson joue le rôle du père est également une très belle réussite, très inventive et énergique.

Créée

le 13 mars 2020

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