"Je pensais que ma vie était une tragédie, mais je réalise maintenant que c'est une comédie."


Créé en 1940 par Jerry Robinson, Bill Finger et Bob Kane, et vite devenu LA nemesis de Batman, le personnage du Joker m'a toujours fasciné. Figure hilare et violente, anarchiste et nihiliste, manipulatrice et sadique, celui-ci a connu de nombreuses incarnations au fil des décennies et reste, encore à ce jour, un personnage énigmatique quant à ses racines, à son passé.


Vouloir s'attaquer à la genèse de l'un des méchants les plus connus et complexes de la culture populaire, tout en y apposant son point de vue et son univers de cinéaste n'était donc pas gagné d'avance.
Et autant le dire de suite, "Joker" relève ce pari haut-la-main.


À des années-lumière des productions de super-héros actuelles et de leur manichéisme habituel, cette origin-story, réalisée et co-écrite par Todd Phillips (bien loin de l'univers des comédies, dans lequel il s'était spécialisé), nous plonge dans le Gotham des années 80 et se focalise sur Arthur Fleck, le futur Joker du film.
À travers son personnage, tragique et instable, c'est l'histoire d'un basculement dans la folie et d'une renaissance qui nous est raconté. L'histoire d'un homme solitaire et fauché, se rêvant comédien de stand-up pour faire rire le monde, mais dont les gens se moquent. L'histoire d'une victime qui va devenir bourreau, jusqu'à s'ériger (involontairement) en symbole d'une société révoltée, où la bataille fait rage entre riches et pauvres. L'histoire d'un rire douloureux qui va devenir un rire libérateur, quitte à abandonner le reste d'humanité qu'il y avait en lui.


Tragédie des temps modernes, sombre et violente, aux accents scorsesiens ("Taxi Driver" ou encore "La Valse des Pantins"), "Joker" est doté d'une sublime photographie et bien sûr de Joaquin Phoenix dans le rôle-titre, apportant lui aussi sa pierre à l'édifice du clown tueur : corps décharné, regard magnétique, rire malaisant et incontrôlable, l'acteur nous offre un Joker grandiose et pathétique à la fois, à la dégaine tantôt repliée sur soi et dérangeante, tantôt dansante et lunaire, et déjà l'une de ses plus grandes compositions (récompensée par un futur Oscar ?).


Film que presque personne n'attendait il y a encore un an, "Joker" se présente aujourd'hui comme l'un des sommets de 2019 et est à ne surtout pas rater dans les salles obscures. Et non, ceci n'est pas une blague.

Raphoucinévore
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le 9 oct. 2019

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