Mieux vaut en rire qu'en pleurer !

ENFIN UN FILM QUI PREND DES RISQUES !
Tout d’abord si vous n’avez pas encore vu le film, je vous conseille vivement de ne pas lire cette critique car il est difficile d’en parler s’en spoiler ^^ (enfin ya peut-être moyen mais j’ai pas envie d’essayer ^^).


Que cela fait plaisir de voir enfin un film avec une vraie prise de risques de la part d’un réalisateur, sans vouloir critiquer certains films actuels un peu trop « conventionnel » et beaucoup trop présent malheureusement de nos jours. Et cela grâce une totale liberté de la part des producteurs qui pour une fois laisse carte blanche à un cinéaste.


Joker c’est la chute libre d’un homme malheureux en proie à une ville en plein chaos, ici magnifiquement interprété par Joachin Phoenix au sommet de son art, l’histoire nous plonge dans un Gotham sombre, sale, chaotique en proie à la violence et la misère ou Arthur Fleck, un clown dépressif tente de subvenir à ses besoins et ceux de sa mère en faisant son job dans les rues malfamées de Gotham avec une indifférence totale de ses citoyens.


Vivant avec sa mère celui-ci est atteint de troubles mentaux qui le pousse à rire de façon inopinée, un rire vraiment glaçant voir douloureux pour lui-même, ce qui est une excellente idée de développer celui-ci à travers une pathologie au lieu du plongeon dans une cuve d’acide.


Le rôle est magistralement porté par Joaquin Phoenix qui a déjà fait ses preuves par le passé de son talent mais ici on peut clairement dire que l’acteur mérite l’oscar tellement il porte le film sur ses épaules. Que ce soit son jeu de regard, son rire, sa perte de poids impressionnante ou l’intensité qu’il arrive à donner à son personnage tout est réussi.


Durant une bonne partie du film on s’attachera à cet homme qui vit une véritable descente aux enfers ! En perdant injustement son travail, sa dernière chance ici réside dans un one man show qui tourne au désastre et comment ne pas exprimer de la pitié pour lui avec sa sensibilité, sa fragilité. Le personnage devenant fou petit à petit suite à la perte de ses médicaments qui a pour cause la suppression des services sociaux dans son quartier. Va petit à petit réinterpréter toute cette tragédie en comédie et devenir bien malgré lui le symbole de tout un peuple. Ce n’est plus Batman le symbole de la justice, dans le « joker » de Todd Philipps mais bien le Joker lui-même.


Le film travaille donc la lutte des classes à travers des citoyens à bout totalement livrés à eux-mêmes en comparaison d’une classe dite de « riche » complétement indifférente à tout cela ou dans l’ignorance totale, on peut prendre l’exemple de Thomas Wayne, personnage emblématique qui ici représente un homme politique quelconque, essayant de mettre la main sur Gotham lors des élections , un homme du beau monde qui essaye de se rapprocher du bas peuple assez maladroitement et qui va lancer le feu au poudre en prenant maladroitement la défense de 3 de ses employés assassinés par fleck. On constate des similitudes avec notre époque à travers une révolte tout comme les gilets jaunes cirant leur « ras le bol » face à des forces de police dépassées par les événements.


La psychologie est ici assez bien maitrisée car on nous plonge dans la peau d’un fou à travers ses fantasmes et ses hallucinations, ce qui est intéressant c’est qu’on réutilise une idée de la valse des Pantins ou Pupkins s’imaginait en super star au côté de Jerry Lewis, ici le concept est poussé plus loin car le réalisateur induit volontairement en erreur son spectateur, tout d’abord par le fait que l’imagination de Fleck au début est assez facile à cerner tandis que vers le milieu et surtout la fin on se demande si tout ce que l’on voit est-il bien réel, et la force du film réside justement dans ce questionnement. Est ce que la fin du film avec le joker en véritable symbole de Gotham n’est-il pas justement le fruit de son imagination ? de son fantasme ? Du coup on sort de la salle avec tout un tas de questions mais assez intéressantes à développer ce qui nous donnera envie de revoir le film une seconde fois pour constater certains petits détails qui nous ont sautés aux yeux.


Philipps essaye d’expliquer les origines du joker ici sauf que le film apporte certaines révélations qu’il contredit plus tard avec d’autres versions ce qui porte à croire que le joker n’a pas d’origine justement, toutes ces questions sans réponses, les différentes versions des personnes qu’il rencontre, le pousse vers le meurtre de ceux qu’il juge coupable, le personnage passe de l’attachement vers l’effrayant au fur et à mesure de ses actes, une fois de plus cette transition et superbement mise en valeur avec l’interprétation de son acteur (donnez-lui l’oscar !)


Malgré cela, le film n’est pas exempt de défauts évidemment, le début est assez lent et peut manquer de développement pour moi. J’aurais aimé voir certaines révélations du milieu du film arriver plus tôt et justifier le basculement vers la folie qui arrive assez vite je trouve. Aussi Philipps rend hommage à Scorsese à travers la manière de filmer façon taxi driver et les multiples références voir idées de ce dernier ou de King of Comedy, cependant, l’hommage est un peu trop poussé avec de multiples idées qu’on ressort un peu trop de fois. Le réalisateur bute aussi un peu dans sa critique de la société avec certains dialogues assez artificiels, par exemple la scène finale entre Phoenix et de Niro qui essaye de se convaincre chacun de leur version du bien et du mal et qui malheureusement manque d’inspiration.


Malgré cela je dois dire que Philipps m’a vraiment impressionné. Après des films humoristiques, Very Bad Trip, etc. Il nous propose un film intelligent vraiment bien maitrisé, avec d’excellentes scènes : le passage de la transformation dans l’escalier que l’on peut voir dans la bande annonce ou encore la mise à mort de Murray et le joker qui se dirige vers la caméra pour parler directement aux spectateurs lâchant une réplique digne de l’ennemi juré de la chauve- souris sont franchement très réussies. Bref, une fois de plus on passe un bon moment avec un film tiré de la franchise Batman et qui en plus nous fait oublier cette daube de joker dans suicide squad ahah.

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le 17 oct. 2019

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