Aïe, aïe, aïe... Comment parler d'un film qui a fait déjà tant parlé de lui? De plus, comment en parler avec justesse quand on n'en a gardé que peu de bons souvenirs?
Joker selon moi est le produit du cinéma américain d'aujourd'hui soit un film qui coche toutes les cases pour remporter le plus de prix aux festivals et pour satisfaire le plus grand nombre (en rapportant le plus d'argent possible évidemment).
Pour l'instant - et ce n'est pas fini - c'est en effet le cas. Récompensé à Venise avec le prestigieux Lion d'or, le dernier long-métrage de Todd Phillips a su époustoufler le jury ainsi que le public.
Avec toute la bonne presse autour du film et la bande-annonce diffusée longtemps avant sa sortie en salles, j'étais assez impatiente de découvrir ce Joker.
Dès le début, j'ai compris que j'allais assister à une succession de séquences époustouflantes avec des décors et des couleurs vintage qui crient "regarde comme je suis beau". Ce fût le cas.
Bien que je ne puisse dénier le soucis de bien faire et la mise en oeuvre élaborée d'un style peaufiné, je peux affirmer que je n'ai ressenti aucune émotion face à cet amas de références et d'effets outranciers.
Tout est fait pour plaire que ce soit par la musique en passant par les mouvements de caméra, j'ai ressenti dans la mise-en-scène une sorte d'auto-satisfaction de la part du réalisateur et de son équipe, comme si je les entendais dire - encore et encore - "C'est beau hein? Tu as vu comme c'est beau?".
À mon humble avis, je trouve qu'on est bien loin de la beauté de la pellicule, de son grain, de ses teintes, et on est davantage dans une reproduction dénuée de sentiment et de laisser-aller.
Je me suis sentie contrôlée dans ce que je devais voir, ce que je devais ressentir pendant toute la vision du film. Je n'étais non pas incluse mais exclue de cet univers créé pour séduire "la masse" et je n'ai ni réussi à rentrer dans l'histoire, ni à avoir un véritable intérêt pour ce à quoi j'assistais.
Quant à la prestation de Joaquin Phoenix, personnellement j'étais inquiète pour sa santé mentale et j'avais pitié de lui (l'acteur comme le personnage).
Ma plus grosse déception reste le scénario que j'ai trouvé non nécéssaire, trop explicatif (pour ma part ce qui m'a toujours plu chez le personnage du Joker c'est justement qu'il n'y ait pas de raison à sa cruauté, il tue pour rire et c'est tout).
Je n'ai cessé de penser à Heath Ledger et son interprétation dans le Dark Knight de Christopher Nolan (2008) qui, encore aujourd'hui, résonne en moi et ne sera, sans doute, jamais égalée.
Enfin, ce qui m'a le plus dérangée c'est que ce film est un appel à la violence gratuite et venant de la part des Etats-Unis, je trouve que le message est particulièrement maladroit. Et malheureusement, comme je le craignais, la fiction a rejoint la réalité...
En bref : tout comme La La Land de Damien Chazelle (2016) qui m'avait tout autant exaspérée, Joker est un énième film, un parmi tant d'autres, qui ne suscitera sûrement jamais mon attention.
Sur les 322 films que j'ai vu à ce jour cette année, celui-ci ne fera sûrement pas partie de ceux que je retiendrai de 2019...