Quelle claque ! Todd Phillips prouve avec son ''Joker'' que Hollywood peut encore prétendre à faire des films profonds et très bon, en laissant main libre aux auteurs.


''Joker'' raconte l'histoire du personnage d'Arthur Fleck, humoriste raté méprisé par la société, basculant peu à peu dans une folie meurtrière et devenir le Joker.


Je ne suis pas quelqu'un de vraiment intéressé par l'univers cinématographique des supers-héros ( que ça soit de chez DC ou chez Marvel ), mais ce projet m'intriguait quand même depuis pas mal de temps, même si il y avais toujours cette peur de retomber sur un film à la ''Venom'' complètement imbouffable. Mais la présence de Joaquin Phoenix me rassurait quelques-peu, comme le fait que le film parlerais d'un personnage fictif très intéressant répondant au nom de Joker. Et les premiers bandes annonces sortes, suivi quelques mois plus tard par la consécration à la Mostra, les critiques qui tombent ... Tout pour me donner confiance en ce film. Et il faut dire, que ''Joker'' mérite son succès.


Un film audacieux et réaliste dans un Gotham froid, pauvre et violent. Dans un premier axe : ce personnage d'Arthur Fleck, possédant un handicap mental, ne vis que pour sa mère malade et de petit boulot consistant à se grimer et tenter de distraire une population, froide et méprisante. Les agressions et les moqueries s’enchaînent autour d'Arthur, en plus de perdre au fur et à mesure la seule aide qu'il lui est proscrite, la psychologue. La descente aux enfers de la folie est inévitable, nous emmenant dans les illusions d'Arthur Fleck ( ses rapports amoureux avec sa voisine, ses rêves de gloire à la télé ... ).
Et le film suit de prés cette folie, jusqu’à être dans un contact intime avec Arthur Fleck et ses phases. Dans celles-ci, on pourrais parler de ce rire, qui même étant caractérisé comme un handicap, peut être vu comme un réconfort chez Arthur. Tout comme ces danses, s’inscrivant une conclusion artistique à ces œuvres ( souvent macabres ).


La télévision à une place primordiale dans le film. Elle domine un foyer, en l’occurrence celui d'Arthur et sa mère. Et plus particulièrement, un late-show présenté par le personnage de Muray Franklin, est symbole d'émerveillement et la reconnaissance aux yeux de tous, pour ces deux personnages malades, pauvres et presque sans aucun espoir.


Le film réussit à nous faire ressentir un mélange de forte empathie et d’incompréhension face au Joker.


Surtout face à la scène de la mort de la mère. L'empathie nous suit face à un Arthur Fleck voyant ces seules relations s’effondrer à cause du mensonge. Et en même temps la révolte face à celui-ci qui assassine sa mère. Compréhension et contradiction rythme ce film, et c'es ce qui le rend dur !


Mais le film prend le partie d'un deuxième axe de lecture : la révolte d'une population oublié. A travers ses actes commis souvent contre des riches, Arthur Fleck créer un mouvement de révolte au sein de Gotham des plus pauvres et oublié à l'encontre des élites et privilégiés ( on ne peut que penser à certaines contestations actuelles du même sens à travers le monde ). ''Joker'' peut être vu comme un hymne à ceux dans la misère, dans la marginalité par leurs conditions sociales ou humaines.


La mise en scène est dans un certains paradoxe. Beaucoup de plans fixes et posées, pour filmer un chaos et une folie régnante. Mention spéciale à la direction artistique et à la photographie nous plongeant incroyablement bien dans cette enfer ( cela passe par les lumières et néon, souvent scintillants, et ces décors sales très ''Taxi Driver'' ). Le tout, sublimé par le violon de Hildur Guðnadóttir ( soundtrack de ''The Revenant'' ), et certaines musiques des 80's.


Comment ne pas faire non-plus de paragraphe sur l'un des gros éléments du film : Joaquin Phoenix ! Il est simplement incroyable. On sent qu'il connait son personnage par coeur. Peut être l'un des plus gros rôle de sa carrière, et de ses dernières années. Ça sent enfin fortement l'oscar pour lui, qui le méritait déjà depuis pas mal d'années.


Alors le film n'est pas dénué de défauts non-plus ( heureusement c'est assez minime ).


La présence de la scène de meurtre des parents Wayne est assez dispensable / Et un truc que j'ai pas compris, c'est cette obsession de certains personnages à ne pas quitter les lieux quand un drame horrible arrive ( que ça soit le personnage interprété par Leigh Gill qui reste sur place quand son pote se fait tuer sous ses yeux, ou encore les invités du late-show qui reste assez paisiblement dans le canapé quand Murray Franklin se fait tuer ). C'est assez petit, mais ça m'énerve.


''Joker'' est donc un film coup de poing, très dur, mais vraiment réussi ! Ici, pas de d'actions tous les 4 plans, le film prend relativement son temps et travers son réalisme nous plongent avec un homme, qui méprisé et délaissé par une société qui est la notre, sombre dans une folie incurable.


Un des meilleurs films de 2019 !

RemiSavaton
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le 9 oct. 2019

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Rémi Savaton

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