Le nivellement par le bas Made In Disney fait paraitre n'importe quel bon film pour un chef d'oeuvre

Parfois certains projets cinématographiques (ou artistiques en général) arrivent au bon moment.
Hasard du calendrier, de la tendance actuelle et autres alignements des astres, ceux ci bénéficient d'un chemin pavé d'or permettant d'amener à son terme le bébé dans des conditions optimisées.
Faisant monter sa hype à son paroxysme depuis ça simple évocation d'éventuelle future mise en chantier jusqu'à son "official final trailer", Joker est à ce titre le "Deadpool" de 2019.


Dès la première photo de Joachim Phoenix grimé en clown du crime, on a crié au génie, à la réinterprétation du mythe de Gotham City ni plus ni moins.
Car oui, les clowns psychopathes ont le vent en poupe depuis dix ans et l'interprétation modernisée d'Heath Ledger à l'époque n'y est pas pour rien.
On a mangé du clown croquemitaine à Derry, et autres versions tueurs en série, en série Z.
On a eu le Joker "gangsta" de Jared Leto entraperçu dans Suicide Squad, très décrié mais qui n'a pas réellement eu le temps de s'exprimer et qui avait le mérite de vraiment prendre le spectateur à contrepied de ce qu'il en était habitué. On n'était pas prêt (ironie et réalisme).


Le Joker 2019 arrive à point nommé après tout ceci, et dans notre contexte social actuel, flattant le spectateur en lui montrant ce qu'il connait ou croit connaitre du mythe du Joker à travers la version de Nolan très populaire, et divers éléments piochés à droite à gauche.
Car pour beaucoup, le Joker n'est que l'incarnation de la folie du monde moderne, or il n'en est rien, c'est déjà une réinterprétation suite à la vision de Christopher Nolan. Et dès le début, la version de Todd Phillips pointait du doigt dans cette direction (esthétique et volonté similaires), à tel point que hormis l'époque à laquelle il se passe, celui ci pourrait paraitre être l'Origin Story du clown incarné par Heath Ledger.
De plus, le scénario tombe dans des facilités déconcertantes: sans rien vous dévoiler, dès le début on sait vers où on va. Que ce soit la chute progressive dans la folie d'Arthur Fleck, amenée de la façon la plus évidente, il ne faudrait pas perdre les cancres au fond de la salle; ou la sous intrigue grossière et sa petite conclusion iconique en fin de récit.
Tout ceci porté uniquement par de l'actoring poussif, bien que le jeu de Phoenix soit de qualité indéniable: le spectateur l'attendait pour détrôner Ledger, le rendez vous était pris.
Avec peu de dialogues de fond et une mise en scène voulant flirter avec un cinéma d'auteur pour se donner plus de crédibilité auprès des cinéphiles et des diverses autorités du milieu: rien n'a été laissé au hasard.


Car oui en feintant d'être un outsider, ce film mise, comme beaucoup d'autres, sur la forme et non le fond. Bien que le cahier des charges soit différent de celui d'un blockbuster, il ne va pas beaucoup plus loin: c'est beau, divertissant, mais c'est creux et sans surprise.


Le succès est garanti grâce à la comparaison des films actuels du genre ne misant que sur les effets spéciaux, casting quantitatif et au formatage.
Là on est sur un contre pied total en terme de méthodologie, il y a tout de même un écart de qualité, mais le nivellement par le bas du cinéma pop corn façon Disney fait que celui ci parait être un chef d'oeuvre à côté de ces produits de junk food; or ce n'est simplement qu'un bon petit film standard.

Loys_G__Bakemono
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2019

Créée

le 16 oct. 2019

Critique lue 222 fois

2 j'aime

Critique lue 222 fois

2

D'autres avis sur Joker

Joker
Samu-L
7

Renouvelle Hollywood?

Le succès incroyable de Joker au box office ne va pas sans une certaine ironie pour un film qui s'inspire tant du Nouvel Hollywood. Le Nouvel Hollywood, c'est cette période du cinéma américain ou...

le 8 oct. 2019

235 j'aime

12

Joker
Larrire_Cuisine
5

[Ciné Club Sandwich] J'irai loler sur vos tombes

DISCLAIMER : La note de 5 est une note par défaut, une note "neutre". Nous mettons la même note à tous les films car nous ne sommes pas forcément favorables à un système de notation. Seule la...

le 11 oct. 2019

223 j'aime

41

Joker
Therru_babayaga
3

There is no punchline

Film sur-médiatisé à cause des menaces potentielles de fusillades aux États-Unis, déjà hissé au rang de chef-d'oeuvre par beaucoup en se basant sur ses premières bandes-annonces, récompensé comme...

le 2 oct. 2019

193 j'aime

123

Du même critique

Willow
Loys_G__Bakemono
6

Disney se casse pas le uc avec l'oeuvre de Lucas.

Une suite pour Willow ? Bon nombre de gamins des années 80 en ont rêvé, et après 3 décennies, on ne l'attendait plus. Mais le rachat de Lucas Films par Disney devait obligatoirement entrainé une...

le 21 déc. 2022

9 j'aime

Doctor Sleep
Loys_G__Bakemono
5

Doctor Sleep: Jaune devant et ... (démerdez vous avec ce titre pourrave)

Film attendu de la fin d'année 2019, Doctor Sleep est la suite, de l'adaptation du roman de Stephen King Shining,par Stanley Kubrick. Et déjà rien qu'à cette phrase, on sent déjà que la montagne sera...

le 12 févr. 2020

8 j'aime

Pourvu
Loys_G__Bakemono
4

A quoi ça sert un Gavroche sans balloche: il tire à blanc ?

Cas particulier que de celui qui nous a été vendu (et oui) comme le Renaud de sa génération, autant par le sus nommé que de par la critique: alors qu'en est il ? Alors oui, on reconnait la parenté...

le 20 janv. 2018

8 j'aime

4