Un mois après la rentrée artistique très chargé, la société de production DC Comics a surpris bon nombre de passionnés en dévoilant le très prometteur Joker de Todd Phillips. Surprise oui car ce film contraste énormément avec les précédentes sorties du même univers avec ici une œuvre beaucoup plus psychologique que rythmé d’action auxquelles on a été habitué jusque-là. Récompensé à la Mostra de Venise, le film reçoit de semaines en semaines des critiques de plus en plus dithyrambique jusqu’à le citer comme un des plus grands films de l’année.
Cependant, ces réactions toutes plus émerveillés les unes que les autres oublient peut-être d’adopter un certain recul que les futurs spectateurs devraient avoir. En effet, le film ne parait à certains égards pas aussi parfaits qu’il en a l’air malgré des qualités évidente qui sont à évoquer.
On remarque ainsi tout au long du film une répétition de la mise en scène qui fonctionne certes au départ mais en reproduisant ici sans cesse le même schéma artistique, de plans d’ensemble avec Joaquin Phoenix au centre en enchainant ensuite sur un gros plan afin de tirer le maximum d’émotions du héros, ce qui n’est vraiment pas nécessaire au vu de la performance de ce dernier. On peut noter également les scènes où celui-ci se fait battre, qui contribuent au développement de sa folie, sont assez artificielle et un peu gratuite où il se fait tabasser à plusieurs sans aucune raison, avec toujours une mise en scène très grossière (travelling très lent finissant en gros plan), où seul la photographie ressort pleinement, réussissant globalement à faire ressortit l’univers assez sal de Gotham. La réalisation de Todd Philips manque en effet de subtilité en abusant donc très clairement des travellings et ralentis, en se demandant même s’il ne se regarde pas un peu filmer, puisqu’on peut trouver tout de même de nombreux plans évitables.
Il y a toutefois des qualités indéniables sur ce film avec notamment les scènes d’action qui sont pour la plupart à couper le souffle. D’autre part, l’attente créée par les séquences plus lentes contrastent donc avec ces scènes et sont d’autant plus mises en valeur, mais en revanche creusent trop inégalement le film, on en parvient même à être frustré de cette attente en ayant pour conséquence de nous détacher pendant un moment de l’histoire, ce qui n’est évidemment pas le but recherché. Le succès du film tient surtout à mon sens de la performance de Joaquin Phoenix qui donne une réelle individualité au Joker de bout en bout, jusqu’à paraitre même bridé par ce scénario et cette mise en scène qui ne réussit pas vraiment à le sublimer au maximum comme elle le devrait.
Le film reste néanmoins une réussite d’autant plus qu’on ne peut que saluer la prise de risque pour un film à aussi grosse production de préférer la psychologie à l’action bien qu’elle reste selon moi que partiellement réussie sur ce plan à ce niveau.
Ici vous pouvez spoiler