C'était LE film le plus attendu de cette rentrée 2019 après avoir connu un succès tonitruant dans les derniers festivals, il s'imposait comme la claque ciné après une première partie d'année correcte mais qui manquait cruellement de surprise. Verdict, on est clairement pas déçu lorsque l'on quitte la salle si ce n'est que le film soit déjà fini. Après deux heures de visionnage, le spectateur en ressort estomaqué après un final flamboyant et percutant. Le film montre crescendo jusqu'à sa conclusion qui permet de rentrer dans la folie du Joker interprété par un Joaquin Phoenix totalement habité par son personnage. Le film s'appuie en grande partie sur le talent de son acteur, il porte le métrage à lui tout seul, c'est clairement la star de ce film ! Un Oscar en mars prochain ne serait pas volé pour cet acteur qui le mérite amplement pour sa transformation à la fois physique et mentale. Il nous emporte petit-à-petit dans sa folie jusqu'à se demander de la réalité des événements qu'il vit voire qu'il subit car ici Arthur Fleck, avant de devenir le criminel le plus célèbre, est un homme mentalement fragile qui va enchaîner les mauvaises situations, à la fois professionnelles et personnelles, expliquant ainsi en partie sa chute vers la folie pure. Le procédé est certes un poil facile mais il est terriblement efficace. La structure du film est classique mais le metteur en scène filme ses scènes de manière intelligente et subtile afin d'expliquer le virage pris par notre antagoniste. Il ne cesse d'ailleurs de jouer avec les nerfs du spectateur, à l'image du Joker, comme pour mieux nous mettre mal à l'aise avec un questionnement perpétuel autour de la réalité de ses actes. L'ambiance d'un Gotham crasseux et violent est parfaitement retranscrite, accompagnée d'une critique sociale pertinente, qui constitueront également un facteur majeur dans la décision prise par Arthur Fleck. Comme il le dit lui-même, "Je pensais que ma vie était une tragédie. Maintenant, je réalise que c’est une comédie". Préférant rire de tout, le Joker a pris le pas sur Arthur Fleck, c'est aussi l'instant où le film devient un véritable bijou de film noir. Le spectateur est pourtant en terrain connu, il connait le dénouement, malgré cela le film parvient à nous surprendre avec une dernière partie saisissante où le personnage dévoile toute sa folie aux yeux de Gotham qui part en flammes. Encore une fois le jeu de Joaquin Phoenix y est pour beaucoup. Après un tel final riche en questions, on en ressort presque abasourdi. S'il est vrai que le film peut prendre quelques facilités scénaristiques, par conséquent on ne touche pas au chef d'oeuvre, ce serait faire la fine bouche de ne pas dire que ce film marquera tout simplement l'année du cinéma par son audace (il était temps !) et donne un bon coup de pied dans l'univers des comics.