Juste une victime de la société ?

Joker c’est une marque de boisson fondé à Macon en 1936 et exploité par la société Eckes Granini France filiale de Granini France du groupe Eckes Granini Group, mais Joker c’est surtout le grand méchant de Batman créer par Bill Finger, Bob Kane et Jerry Robinson. Il a eu une première apparition lors du premier chapitre de Batman au printemps 1940. Depuis sa popularité n’a cessé d’augmenter et on a tendance à associer Batman au Joker. L’un ne peut pas vivre sans l’autre, jusqu’au jour ou DC tente de faire un film uniquement consacré sur son méchant clef.



Le very bad trip du Joker



Il n’y a pas que dans les comics que le Joker est omniprésent, avant de parler du cinéma, j’ai une envie de parler rapidement de l’une de mes passions qui étaient le moteur clef du blog : les jeux vidéo. Dans le JV, il était assez omniprésent. On pouvait le trouver notamment dans la trilogie Arkham, considéré comme l’une des meilleurs trilogie de jeux vidéo, ou encore Lego Batman une autre trilogie, mais cette fois-ci moins réputé pour sa qualité, mais comme la marque de boisson ce n’est pas le sujet de pourquoi j’écris. Sur les écrans, on est aussi sur une grosse présence du vilain clown, on peut compter pas moins 32 apparitions sans compter le Joker de Todd Phillips, ce qui nous amène à 33 apparitions. Parmi les joker dont on parle énormément, on peut citer : Cesar Romero dans la série de 1966; Jack Nicholson dans Batman en 1989; Heath Ledger dans The Dark Knight : Le chevalier noir en 2008, Le cosplay de Jared Leto dans Suicide Squad en 2016 et pour finir un peu d’animation avec Mark Hamil dans la série d’animation de 1996.


On est sur un personnage très important de la pop culture, mais on ne connaît quasiment pas ses origines : pourquoi il est Joker et toutes ces questions qu’on peut se poser quand il s’agit d’avoir une origine story. Quand on m’annonce que DC va tenter des films hors DCEU, j’étais content. Beaucoup de gens se moquent de DC, car ils ont en tête Suicide Squad, Justice League, il ne faut pas oublier qu’à une époque DC faisait de très bons films de Super-héros, notamment dans l’univers Batman et je ne parle pas du massacre de Joel Schumacher.


Le premier film hors DCEU est le Joker de Todd Phillips, un projet que je n’attendais pas spécialement. Il faut savoir que je ne suis pas quelqu’un qui est friand d’origine story, j’aime quand on laisse au spectateur imaginait quelque chose et je trouve qu’on est dans une tendance ou l’industrie fais des prequels pour tout et n’importe quoi. Après DC a eu la bonne idée de bien communiquer en disant que c’est une nouvelle histoire qui n’a pas la prétention d’être l’origine story de référence du Joker. Enfin ce qui me freinait énormément c’est Todd Phillips habitués aux comédies avec la trilogie Very Bad Trip, ce n’était pas forcément un style d’humour que j’appréciais, mais on n’est jamais à l’abri qu’un réalisateur se révélait en essayant autre chose, surtout quand on lui laisse une grande liberté créative.


Le joker de Todd Phillips s’appelle Arthur Fleck qui ne va pas forcément très bien et tente d’aller vers les autres, dans un Gotham ou il y a une grande tension. Dans la vie Arthur est clown publicitaire, il a des envies de devenir comique, mais il doit aussi s’occuper de sa mère gravement malade. Bien sûr comme on est sur les origines du Joker, on ne sera pas sur un film joyeux.



C’est la crise !



Qu’on aime ou qu’on déteste ce Joker, il ne faut pas lui enlever qu’il ne s’embarque pas dans explications compliqués pour évoquer la vie d’Arthur Fleck avant de devenir le méchant qu’on connaît tous. On comprend très vite qu’il est si seul dans ce monde et ce rejeté par la société. On voit un personnage très malade à l’image de son rire ou Todd Phillips nous explique que c’est un rire nerveux, un rire qui arrive à nous mettre mal à l’aise, car Arthur souffre, mais il a cette envie de guérir en prenant des médicaments et toujours son rêve qui l’accompagne pendant tout le long du film qui est de faire rire les gens.


Comme je le disais tout à l’heure, on est dans une origine story du joker, ce qui veut dire que ça se terminera généralement mal et pour illustrer ce qui va se passer mal, Todd Phillips décide de parler de la société avec parfois de la réussite, parfois avec beaucoup de maladresse, car il ne faut pas oublier qu’on ne peut pas devenir un grand cinéaste et scénariste, du jour au lendemain. Néanmoins, sur le début du film c’est relativement bien abordé avec la thématique de la baisse du budget dans le domaine médical, ce qui veut aussi dire que la société ne se préoccupe pas de gens comme Arthur Fleck et des professionnels du milieu médical. C’est la société qui le pousse dans sa descente aux enfers, mais soyons bien clairs, ce n’est pas une raison qui pousse à devenir un psychopathe et serial killer, selon moi.


C’est une bonne idée du film de confronter les problèmes de Arthur tout en évoquant la société et ce qui se passe à Gotham, sauf que Todd Phillips et Scott Silver vont utiliser l’option de facilité et résumer le Joker à une grosse victime de la société et ceux dès la première scène ou Arthur Fleck se fait agresser gratuitement sans véritablement de raison. Autre problème, pendant tout le film on va entendre les gens avec qui il bosse dire que la vie est injuste avec lui et il y aura cette tendance à dire, tous les gens sont « beaucoup trop méchants » avec lui et pendant 2h c’est épuisant. Quand on voit le développement d’un autre personnage comme Thomas Wayne, considéré comme le grand méchant de l’histoire, il n’a aucune subtilité et même Trump à côté c’est un ange. Le mot subtilité c’est l’ingrédient manquant au long métrage de Todd Phillips.



Joker c’est la définition de l’actors studio



Tout le monde est d’accord pour dire : « le point fort c’est Joachim Phoenix » qui incarne Arthur Fleck. Je ne peux que rejoindre ce point de vue, on sent cette volonté de la part de Todd Phillips, de mettre énormément l’accent sur l’acteur qui sera dans 99% des plans. Il y aura seulement une scène vers le final ou il sera pas très présent. Pour faire le Joker, il fait ce qu’on appelle de l’actors studio qui est de ne plus jouer et être dans le vrai avec son personnage. Pour Joker on va surtout mettre en avant, qu’il a perdu 30 kilos pour faire ce rôle, qui pour moi n’est pas le plus important et ne justifie pas sa grande performance, même si on peut saluer qui était à fond dans le rôle. Ce qui est impressionnant dans sa performance, c’est qu’il nous emmène dans ce malaise permanent, dans la souffrance qu’il incarne. quand je voyais Arthur Fleck, je n’arrivais pas à rigoler, car on voit avant tout quelqu’un qui souffre.


Si on faisait une analyse le film, on remarque avant tout, qu’on est sur un film à performance pour Joachim Phoenix, qui veut son oscar, peut-être qu’il l’aura et il fait partie des favoris, mais il peut très bien ne pas l’avoir. Sinon, En dehors de la performance de l’acteur, c’est un film qui manque d’une identité, son principal défaut c’est qu’il soit réalisé par Todd Phillips qui n’est pas un grand cinéaste, même si on n’arrête pas de dire que c’est bien réalisé. En fin de compte il s’inspire fortement de Taxi Driver et de la Valse des pantins. La seule idée intéressante de mise en scène c’est l’escalier ou quand Arthur monte signifie qu’il essaye d’aller mieux, mais il souffre. Quand il descendra les escaliers en tant que Joker, c’est une descente aux enfers, mais une descente heureuse. C’est la seule idée de mise en scène, ce qui est peu pour un film de 2h


On dit souvent que la photographie, de Gotham City est très réussi en nous indiquant avec des petits éléments que la ville ne va pas forcément bien. Pour faire Gotham, il a travaillé avec le chef décorateur Mark Friedberg qui a grandi à New York, tout comme Todd Phillips et c’est la d’ou vient le problème. On a plus l’impression de voir New York que Gotham City, cette ville n’a pas la saveur de Gotham et comme la réalisation, la ville n’a pas sa propre identité. Tim Burton apportait un style à Gotham, Nolan apportait un style lors de sa trilogie. Todd Phillips fait un copier-coller d’un New York des années 80 et cela donne une ville sans saveur, car l’inspiration est trop forte.


Dernier point qu’on peut aborder : c’est l’écriture des personnages qu’on qualifiera d’assez moyenne. Robert De Niro qui incarne Murray Franklin, est le cliché du présentateur de Late Show et on sent que Todd Phillips l’a pris uniquement pour la référence forcée à la « valse des pantins« . Avec Joker on comprendra très vite que tout ce qui ne tourne pas autour d’Arthur et sa mère (Frances Conroy) n’arrive pas à être intéressant, car il n’y a pas une volonté de développer d’autres personnages.


Enfin, le Joker de Todd Phillips n’est pas intéressant, comme je le disais, il se résume pendant 2h à être seulement une victime de la société et le film appuiera très peu qu’il est avant tout malade. Quand j’entends que l’un des plus grands méchants est juste une victime, on perd un peu tout le mythe autour du personnage et il y a quelque chose en moins dans ce film. Dark Knight est un excellent film, car on sait très peu de choses sur le Joker, le Batman de Burton et le Joker de Todd Phillips ont fait le choix de donner une origine story au personnage et malheureusement cela rend le personnage beaucoup moins intéressant.


Je me pose la question de la pertinence de faire un film uniquement sur le Joker. On sent cette volonté du réalisateur de refaire un Taxi Driver, mais refaire un Taxi Driver en 2019, ce serait compliqué et utiliser le nom Joker c’est assuré un joli chiffre au box-office et encore plus quand des gens mettent en avant qu’il soit R-Rated, signe de qualité pour beaucoup de gens quand on voyait les discussions sur internet. Si le film s’appelait Arthur le clown tueur, ou si on avait eu un film Joker sans essayer de le lier à Batman, j’aurais eu moins de soucis. On le voit bien que Todd Phillips ne comprends pas grand-chose à Batman et cela porte défaut au film. Dernier point de ce sujet : il veut faire un Taxi Driver bis, mais tout le monde ne peut pas faire du Scorsese. En dehors de la problématique de la connexion avec l’univers Batman, c’est compliqué de faire ce genre de film, sans être subtil dans son écriture, mais ce n’est pas surprenant venant du réalisateur.



L’Exagération en masse



Pour finir sur la critique, j’avais envie de retourner rapidement sur tout ce qui est autour du film, notamment dans les avis autour du Joker qui ont tendance à s’emballer que ce soit dans le bien, ou dans le mal, j’ai tendance à les appeler : l’extrême positifs et l’extrême négatifs, qui peuvent faire mal au film, quand on ne l’a pas vu surtout quand c’était les avants premières.


Pour les avis très positifs, je n’ai pas trop de soucis avec eux, sauf de vouloir considérer le film comme un chef-d’oeuvre, j’en doute pas mal, car comme je le disais on est avant tout sur une performance de Joachim Phoenix, le reste c’est assez discutable, puis cela dépend aussi de l’attente qu’on peut avoir avant un film, si on pensait regarder un film de la qualité du MCU, évidemment qu’on a l’impression de voir un grand film, si ce n’est pas le cas, je pense que cela dépend de notre ressentis, mais il faut prendre du recul avant d’utiliser ces grands mots pour décrire un film.


Pour les avis négatifs, on est aussi sur une énorme exagération entre les avis qui parlent surtout de faire l’apologie de la violence et d’un film hyper violent. Pour l’apologie de la violence, j’ai pas eu l’impression de voir un film qui faisait une apologie de la violence, du moins ce n’était pas l’intention de base. Le problème c’est de la façon maladroite d’aborder ce sujet et il est important d’être stable dans sa tête quand on regarde le film. Enfin pour ce qui est de la violence, on n’est pas sur un film très violent, il y a parfois de la violence gratuite comme la première scène, mais ce n’est jamais trop violent, le film fait assez attention à ce qu’il montre à l’écran, on est loin d’un film choquant. Ce qui peut être gênant quand on regarde le film c’est plus la morale ou personnellement j’ai du mal, mais c’est très personnel, j’en toucherais un petit mot en spoilers.


Qu’on aime ou qu’on déteste le Joker, c’est un film intéressant à analyser surtout quand il s’agit du rapport entre le spectateur et une oeuvre. On sent cette volonté pour Warner et DC Comics de revenir sur des films simples, très peu coûteux, mais ambitieux, même si ils ont pas forcément pris les bonnes personnes pour faire ce film, mais avec cet énorme succès, une présence très probable aux oscars, je suis très curieux de voir ce que va faire DC. Il y avait un avant, l’après Joker sera très intéressant à suivre . On est loin d’avoir fini de parler du film


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Spoilers



On va parler ce que j’ai trouvé le plus problématique c’est la mort des parents de Bruce Wayne qui n’apporte rien du tout au récit. C’est bon on connaît cette partie de l’histoire par coeur, c’est complètement gratuit et pour l’histoire d’Arthur Fleck cela ne change rien du tout. Par contre, il est pas malin Thomas Wayne de sortir au cinéma alors qu’on est au courant que ça va déborder avec la manifestation.


J’ai des gros soucis d’un point de vue morale sur ce film, quand le personnage de Zazie Beetz dit que les trois hommes tués dans le métro : c’est mérité, mais comme ce passage est imaginé par Arthur Fleck, on l’accepte. Le gros problème du film, c’est la société qui voit le Joker comme un modèle, un héros ou un symbole. Il n’y a pas de vrai débat sur les actes d’Arthur Fleck


il y a eu un débat dans le film entre le présentateur du late show incarné et Joker, sauf que quand on voit l’écriture, j’ai l’impression de voir une discussion d’ado, surtout venant des répliques de Joker qui dira surtout que tout le monde est méchant avec lui. Heureusement que les acteurs sortent une grosse performance sur cette séquence.


J’ai trouvé que c’était plutôt intéressant que le film nous met dans la tête de ce psychopathe et on va le voir imaginer des choses comme par exemple cette romance avec sa voisine qui est incarnée par Zazie Beetz. on voit qu’il a cette relation avec elle et au final c’est quelque chose qu’il imaginait. J’étais agréablement surpris par ce « twist » et je me suis posé beaucoup de questions sur ce qui était vrai et ce qui était faux. Par contre, le personnage de Zazie Beetz, ne sert à rien. Tout ce que le film nous explique c’est qu’elle est belle, mais jamais on nous explique pourquoi Arthur est attiré par elle. Peut-être que ce serait pertinent d’expliquer le rapport entre Arthur et les femmes, car c’est un personnage qui n’a pas d’amis, qui n’a pas eu une relation, ou si il avait eu une relation, c’était il y a très longtemps.


Enfin dernier point et au début c’était une bonne idée c’est cette histoire ou Arthur Fleck serait le fils de Thomas Wayne et le grand frère de Bruce Wayne. C’est une bonne idée surtout dans l’idée d’avoir une suite avec un Batman ce qui pouvait offrir quelque chose d’intéressant et nouveau. Comme on est sur un one shot, ils l’ont plutôt évacué en disant qu’il est adopté et que sa mère adoptive ne l’a jamais protégée.

Eyrio__
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le 11 nov. 2019

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