Ce n'est finalement qu'un énième drame vulgaire produit à Hollywood.

En voyant ce film, j'ai eu l'impression que le réalisateur Todd Phillips a voulue adopter une démarche naturaliste. Le problème est que cette démarche est inaboutie, certains se plaignaient que le film était lent et qu'il ne se passait pas grand-chose, c'est faux. Le film n'est pas lent, il se permet peu d’errance, et le film est rempli de péripétie (Arthur perd son panneau, Arthur obtient une arme et l'amène dans un hôpital pour enfants ce qui lui fait perdre son boulot, il sur scène, il est invité à un show, il sort avec une fille, découvre que son idylle n'est que fictive, il découvre que son père pourrait être Thomas Wayne et il enquête et découvre la vérité sur sa mère, il commet des homicides dans le métro et devient un symbole de révolution suite à cela, etc...). Si je souligne cela ce n'est point pour défendre le film mais juste pour souligner ce que je disais plus haut, on a l'impression d'avoir une démarche naturaliste inaboutie, j'aurais préféré que le film nous montre plus d'errance, présente une histoire plus dépouillée, nous montre le quotidien pénible d'Arthur, quitte à faire des longueurs sur du vide, pour nous attacher à cette réalité. Cela aurait donné au film plus de sobriété et plus de subtilité. Mais le film n'est pas subtil, il insiste avec une musique omniprésente pour bien insister sur le fait que la scène est triste. On a d'une part un film qui tient à reproduire de façon très justes les banlieues, les appartements insalubre ou évolue le héros, la présence omniprésente des poubelles et des déchets, et d'un autre côté pour bien qu'on comprenne que la situation est dramatique nous assène une musique bien pathos. Je trouve cela triste d'avoir un acteur comme Joaquin Phoenix, et ne pas faire en sorte que l'émotion de sa performance.
Au début du film, on voit Arthur avec sa psy, et ce dernier en tant que comédien raté nous montre une blague de sa confection "j'espère ma mort aura plus de cents que ma vie", et la lourdeur qui va baigner tous le film est annoncé. On a un film qui pour donner ses lettres de noblesse à l'univers des super héros, c'est senti obligé de nous pondre un drame pathos et vulgaire, comme si le drame est le seul genre noble au cinéma. Le film aime se donner des aires de film naturaliste qui essaie d'imiter des films sociaux comme ceux de Ken Loach, mais il en a que l'apparence, il n'est en réalité qu'un film hollywoodien taillé pour rafler des statuettes aux oscars, avec son aspect politisé et son acteur principal qui fait une performance physique avec sa perte de poids.
On m'a vendu de l'ambiguïté morale avec ce film, mais finalement rien n'est ambigu. Arthur est présenté comme une personne qui a une vie de merde, qu'il est en recherche d'une figure paternelle, qu'il ne fait que subir la méchanceté des autres et qu'il a une sensibilité. Arthur est une victime qui ne mérite pas ce qui lui arrive, les autres sont méchants, j'aimerais qu'on me dise ou elle est cette ambiguïté, je ne vois qu'une opposition manichéenne faite de ressentiment. Le film ne remet pas en cause les actions d'Arthur alors que la personne ramène une arme dans un hôpital pour enfants, ensuite il se fait virer et le film met une musique triste (encore) pour montrer à quel point c'est injuste. D'ailleurs le fait que sa petite copine n'est que dans sa tête, je trouve cela forçait, certes il rit quand il se sent mal à l'aise, met à son boulot il est bien dans les clous, ses problèmes semblent plus être des névroses. En parlant du rire, je trouve l'idée assez belle, mais elle est appliquée juste de façon terre à terre, Arthur rit quand il est mal à l'aise, stressé ou triste, et le film nous l'explique dès le début que c'est une maladie et qu'il ne maîtrise pas ses rires , il le fait par le biais d'un insert sur sa carte qui explique cette névrose, alors que la nature forcée et contradictoire de son rire et les effets que le comédien met à l’œuvre aurait pu suffire à nous faire comprendre la détresse qui en découle. Dans mes souvenirs la seule utilisation assez ambiguë de ce rire est dans la scène de fin quand Arthur semble être interné et semble rire en réaction aux émeutes qu'il a causées.
Je pense que le film aurait gagné à être plus lent, avec une histoire plus simple, à être plus sobre et moins stylisé. Mais pour finir je garderais une scène du film, il s'agit de la scène dans le cinéma palace, Arthur s'y infiltre déguisé en groom avec des habits un peu trop grands, on y découvre la bourgeoisie s’extasier devant Les temps modernes de Charlie Chaplin, une œuvre qui parle des prolétaires et dénonce la bourgeoisie et ironiquement apprécié par les bourgeois qui le regardent dans leur palace. Et la comparaison entre Arthur et Charlot fait durant cette scène fait qu'elle raconte beaucoup de choses.