Sans doute l’un des films les plus fascinants que j’ai vu en dépit de mon jeune âge, Journal d’un voleur de Shinjuku est un film illustrant parfaitement les pulsions révolutionnaires de son époque.


Ces représentations socio-politiques sont le fer de lance du samouraï Oshima et tous les jeunes dans ces films sont ses compagnons de voyage. Aucune autre période de la vie ne peut mieux illustrer cela que la jeunesse. C’est lors de cette période que nos premiers avis politiques se forgent. C’est lors de cette période que nos pulsions révolutionnaires et sexuelles font surface.


En parlant de sexe, si il y a bien un lien qui unit nos deux protagonistes, Birdy (le voleur) et Umeko (l’employée), c’est bien celui-là. Leur histoire commune commence à Shinjuku, lorsque Umeko surprend Birdy en train de voler des livres. Le directeur de la librairie sentant une connexion entre les deux suggère à Umeko d’entretenir une relation avec le voleur. Ainsi, la quête à la recherche du plaisir sexuel débute.


Il faut savoir avant toute chose que Shinjuku est l’un des arrondissements les plus riches de Tokyo, et donc là où la « culture noble» est la plus présente. C’est dans ce contexte là que Birdy et Umeko développe le début de leur relation. Les deux compagnons d’Oshima n’arrivent pas à mener à bout des rapports érotiques. Réciproquement, c’est lorsque les deux protagonistes s’intéressent aux cultures plus underground et aux manifestations étudiantes qu’ils commencent à découvrir l’extase de l’union charnelle… Le point culminant de cette escalade de passions étant leur incursion dans une petite troupe de théâtre de Shinjuku où Umeko et Birdy arrivent enfin à conclure après 1h30 de film. Un parallèle est clairement dressé entre la sexualité de nos protagonistes et la culture : la culture « noble » des dominants brident les pulsions de la jeunesse, autant sexuelles que révolutionnaires alors que la contre-culture des personnes contestataires au régime les poussent à leur paroxysme.


La mise en scène magnifie tout cela. Dans ce film, le réalisateur des Contes cruels de la jeunesse à pour but d’expérimenter sa réalisation pour exprimer au mieux l’agitation que ressentent Umeko et Birdy à cause de leurs pulsions. Il va pour cela passer du noir et blanc à la couleur sans aucune logique visible, si ce n’est que les changements se font de plus en plus en fréquents tout au long du métrage. Aussi deux scènes m’ont marqué, malgré qu’elles soient totalement antithétiques entre elles  : la scène du viol d’Umeko qui est filmée froidement, sans vouloir manipuler le réel et la scène du vol de la librairie en pleine nuit, où de nombreux auteurs parlant différentes langues lisent le même passage du livre Journal d’un voleur de Jean Genet, touchant à quelque chose d’irréel. Ce vacillement entre le réel et l’irréel nous fait ressentir le tumulte autant intérieur qu’extérieur d’Umeko et Birdy.


L’un des seuls défauts que j’ai à faire au film est son écriture un peu fade, dans la mesure où les dialogues et certains personnages sont oubliables, seul les images et les sensations qu’elles procurent restes.


Voilà pourquoi Journal d’un voleur de Shinjuku me fascine, c’est un film expérimental qui nous rend intime à deux jeunes ne trouvant pas leur place dans une vie bien rangée et découvrant les plaisirs d’une vie guidée par l’extase en nous faisant comprendre que ces dilemmes sont universelles auprès de la jeunesse. Un peu comme si c’était le spectateur le voleur d’un journal de Shinjuku.

Lulu_la_tortue
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le 30 août 2020

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