Je n’avais pas été convaincu par la bande-annonce de Journey to the west, et bien que j’aie souvent entendu parler du Voyage en occident, un des ouvrages les plus connus en Chine, je ne l’ai jamais lu et ça ne m’intéresse pas spécialement. Mais… Journey to the west est réalisé par Stephen Chow. Et même si je suis souvent partagé concernant ses films, j’en reviens toujours à vouloir les voir, parce qu’on y trouve un humour qu’on ne voit nulle part ailleurs.
J’avais été plutôt déçu d’apprendre que Chow ne jouait pas lui-même dans cette réalisation, alors qu’il aurait pu tenir le rôle principal, car le héros correspond à ceux qu’il a toujours joués. Ici, c’est un type qui se revendique chasseur de démons, mais qui ne paye pas de mine ; un jeune homme menu, pas très doué, l’air un peu excentrique. Au lieu de tuer les démons une fois capturés, il veut les ramener dans le droit chemin en leur chantant des comptines… sans succès.
Il croise la route d’une belle chasseuse, beaucoup plus douée. Tu te dis que dans comme toutes les histoires de ce genre, ils vont finir ensemble… mais je ne m’imaginais pas non plus que la romance serait aussi expédiée et sortie de nulle part. Cette amourette est un peu sauvée par les proportions absurdes que prend l’obsession de la fille pour le héros, mais ça se finit en drame de manière horriblement cliché, ça en est pathétique.
(quand tu découvres après que 8 scénaristes ont bossé là-dessus, t'hallucine tellement l'intrigue est convenue)
Je ne m’attendais vraiment pas à ce ton sérieux, et au début, à plusieurs reprises, j’ai cru que Journey to the west faisait de la dérision lors d’une scène dramatique… alors qu’en fait, non. Oups. Ça vient aussi bien de mes attentes que de l’interprétation et du traitement de ces scènes : la première fois que le protagoniste fond en larmes, j’ai cru qu’il faisait semblant.
Plusieurs passages sont déroutants parce que je ne comprenais pas bien les intentions : faire rire ou créer de l’angoisse ? Le passage de l’un à l’autre est maladroit (cf la scène de la fille qui voit son père attaqué dans l’eau), et les touches d’humour qui reviennent par la suite au milieu de séquences graves ne fonctionnent pas bien.
J’ai dû en venir à l’évidence que pour une fois, Stephen Chow se prend vraiment au sérieux… mais les scènes censées générer de l’horreur ou de la tension ne m’ont pas fait ressentir grand chose. Les effets spéciaux sont loin d’être à la hauteur pour nous immerger dans l’action.
Pour un film Chinois, Journey to the west est un blockbuster, je n’ai pu trouver quel en était le budget mais ça devait être conséquent, et pourtant comme je m’en doutais, on a des CGI dignes d’une cinématique de jeu-vidéo.
Dommage, car quelques scènes d’action présentent des idées inventives et un potentiel fun, quoiqu’elles sont plombées également par un problème de rythme.
Les combats n’ont pas grand intérêt, les quelques moments avec des chorégraphies s’appuient bien trop sur les effets spéciaux qui servent à gommer l’usage de câbles, quand les affrontements ne tiennent pas exclusivement à l’usage de CGI. Les personnages se balancent des épées volantes, un nombre infini d’anneaux qui transpercent automatiquement leurs cibles, … ça manque d’inventivité, ça rend la tache bien trop aisée pour les personnages, ça retire tout enjeu aux combats, et ça ne présente aucune dimension spectaculaire.
Et je ne comprends pas pourquoi tant d’idées reposent uniquement sur les CGI alors qu’ils sont aussi moches…
Le final du film est un vrai festival, qui nous bombarde d’images censées être impressionnantes, mais qui sont une surenchère de mauvais goût, au service d’un message de propagande sur la grandeur du bouddhisme. Indigeste.
Pris indépendamment, il y a des éléments que j’ai appréciés, par exemple des moments cauchemardesques qui auraient pu bien marcher dans un film plus premier degré, comme lorsque le héros voit la réalité de ce qui se passe dans le restaurant du démon, comparé à l’illusion qu’on lui propose.
Mais ça ne colle pas avec le reste.
Même l’humour m’a déçu, il y a pas mal de blagues faciles, d’autres qui traînent en longueur (prince important/impuissant, oui ok on a compris) ; je retiens surtout une séquence en particulier qui est hilarante, celle avec le sortilège d’obéissance… même s’il s’agit simplement d’une variante d’un type de scène qu’on a vu pleins de fois ailleurs, y compris dans King of comedy, de Stephen Chow également.