Ne réveillez pas les couilles d'un Dredd qui dort

Le Judge Dredd est un personnage de comics paraissant dans le magazine spécialisé 2000 AD, pour lequel ont travaillé de nombreux auteurs importants comme Chris Cunningham ou Alan Moore. Il a même eu sa propre revue, Judge Dredd Magazine, dès 1980. En 1995, un film est adapté du comic book, avec Sylvester Stallone dans le rôle phare.


Il y a un grand malentendu autour de ce Judge Dredd. C’est un film d’action kitsch des nineties, situé dans un futur pittoresque illustré à grands renforts d’effets spéciaux et de moyens conséquents. Les railleries à son égard se justifient par le scénario cousu de fils blancs et la relative bêtise du spectacle. Or Judge Dredd a ses amoureux et demeure vingt ans après un spectacle enthousiasmant. C’est peut-être un blockbuster nanar mais en aucun cas un produit médiocre et banal.


On y trouve les résidus de second degré crétin du blockbuster cool (le porte-voix en est le petit malfrat bête mais gentil mis sur les pas du Judge) ; cependant c’est tous les traits d’humour en marge de ceux-là qui réussissent et donnent au film sa marque. Judge Dredd flirte toujours avec la pastiche, voir la parodie. Le Judge Dredd est une caricature grotesque d’un défenseur de la loi et l’ordre, accumulant les saillies miraculeuses (« cette pièce est désormais pacifiée »). On se régale du décalage entre son esprit de sérieux et une perception équilibrée et normale. Malheureusement, les petits numéros de Batlhazar Getty apportent un pâle complément à Stallone et il en devient l’élément parasite du film, son running gag foireux cassant l’ambiance.


Concernant le second malentendu, plus profond, facile à entretenir lui aussi mais surtout témoin d’une grande mauvaise foi ; Judge Dredd n’est pas du tout une apologie fasciste, une éloge de la coercition ou de quoi que ce soit dans ce registre. Le légalisme absurde de Dredd est justement désigné comme la source et le symptôme final de son dysfonctionnement. Judge Dredd n’a rien à voir non plus avec un Robocop, mais pourrait en revanche être comparé à son remake ; sur le seul plan des réjouissances, il le dépasse, notamment car il a le charme et les couleurs flashy en plus.


http://zogarok.wordpress.com/2014/11/25/dredd-judge-dredd/

Zogarok

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