Quelle est la différence entre une personne âgée qui n’est pas en phase avec la technologie et un jeune qui n’apprécie pas les qualités de cette même technologie qu’il considère dépassée ? Leur âge. Il y a donc une question de génération dans cette suite ultra paresseuse et Jake Kasdan confirme les mêmes maladresses qu’il a pu faire dans le premier volet. Pire encore, il les alimente avec des prétextes alarmants, sans vraiment détourner les codes du jeu vidéo. Ce film est une catastrophe à l’écriture et au traitement des dialogues qui ne savent pas toujours trancher à quel public s’adresser, en plus d’hériter d’une adaptation laborieuse. Difficile de croire comment une telle licence qui repose essentiellement sur son casting et un humour limité parvient à séduire une audience aussi peu compréhensive, dès lors qu’elle connaisse un mythe si énergétique et mystique avec la première adaptation de l’œuvre de Chris Van Allsburg, et portée par un Robin Williams qui sait toujours étinceler, aux yeux des petits comme les grands.


On reprend les mêmes et on fait la même chose comme dirait l’autre. Une bonne heure, voire plus, servira bien évidemment de didacticiel qui rompt la continuité avec un premier volet qui avait déjà presque tout expliqué. Et ce n’est pourtant pas la faute de nouveaux joueurs, qui n’ont plus trop leur esprit en place, car il y avait tout de même matière à rendre l’aventure glorieuse, mais il n’en est rien. On passe littéralement à côté du sujet, car les décors sont amenés par magie, alors que le jeu n’est pas censé s’ouvrir à autant d’environnements. De ce postulat, nous perdons nos avatars dans un jeu qui perd l’essence du titre de l’œuvre, nous en sommes arrivés là. Donc suivant l’aventure proposée, les idées scénaristiques s’adaptent et la mise en scène piétine, que ce soit dans l’utilisation de musiques rétro-nostalgiques ou des compétences qui masquent plus les enjeux qu’elles ne les font avancer…


La plus grosse déception réside sans nul doute dans cette morale qui ramène un héros dans le jeu, mais qui ne peut s’assumer ou exister sans passer par son avatar fétiche. Cela ressemble donc à un caprice et non à une démarche de guérison, car si l’on confond les deux, ce sera dommage de faire croire aux enfants que camper sur les mêmes positions permettra de mieux s’en sortir, que ce soit dans les jeux ou ailleurs. À la corbeille, nous retrouvons donc la cinématique et les règles que le niveau suivant nous impose, mais qu’il ne suit pas, au nom du gag absurde, voire gratuit, qui ne fera pas mouche. Et bien que l’action soit assez bien exploitée, ce sont bien les choix de réalisation qui plombent ces élans musclés. On ne prend pas soin de changer les antagonistes qui renforcent la cohésion du nouveau groupe, mais qui admet encore des incohérences si flagrantes qu’on ne peut plus se permettre d’adhérer au décalage qui promettait du fun.


Décidément pas au niveau du père, même lorsqu’il s’agit de blockbusters grand public, le petit Kasdan échoue sur presque tout ce qu’il entreprend, car peu de choses ont évolué depuis sa première excursion dans la jungle. « Jumanji : The Next Level » n’en est plus une à présent et s’avère être loin de la mythologie Van Allsburg, ce qui expliquerait le prétexte du jeu vidéo. Mais dans ce cas, pourquoi diable avoir récupéré une telle licence qui n’a plus l’esprit d’un jeu de plateau ? La réponse est sans doute dans les poches de producteurs qui sourient aux nez des enfants innocents et de tous ceux qui n’ont pas su éviter un piège, mal dissimulé et avec toute une campagne marketing pour nous faire croire que la balade serait rassurante. Le défi, de puis un moment, était de slalomer entre ces œuvres qui prennent ses clients comme un produit. Décidément, il faudra croire que le concept du premier opus n’aura pas eu de suite digne de ce nom et n’aura sans doute plus la confiance nécessaire pour améliorer son karma ou récupérer ses vies, qu’il a déjà épuisées avant même que ce film n’entre en chantier.

Cinememories
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le 11 déc. 2019

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