JUPITER ASCENDING – 13/20
Space Opera massif et baroque, d’une profusion visuelle inouïe, Jupiter Ascending se démarque des blockbusters actuels par la naïveté et la sincérité avec laquelle les Wachowski abordent leur œuvre. Point de second degré ni de cynisme, mais la volonté simple et évidente de raconter une jolie histoire, un conte naïf et enfantin. Jupiter Ascending n’est ni plus ni moins qu’une histoire d’amour enveloppée d’un ruban de technologie sidérant.
Car le film fait preuve d’une ambition formelle débordante. Souvent excessive, à la limite du mauvais goût dans son esthétisme SF kitsh, la fable futuriste en met plein la vue à travers des scènes ébouriffantes et comme toujours innovantes. Un passage se déroulant entre les immeubles de Chicago se révèle particulièrement bluffant et vertigineux, jouant comme jamais de la pesanteur pour créer un effet de réalisme assez saisissant.
L’univers créé par les Wachowski est suffisamment cohérent pour qu’on se laisse séduire et emporter, jouant sur l’idée que nous ne sommes pas seuls en ce monde. L’hypothèse que nous ne soyons qu’une matière première pour créer un élixir de jouvence est dramatiquement intéressante et si le potentiel mythologique de la famille régnante n’est qu’effleuré (œdipe, regicide, inceste… tout est à peu près suggéré) il ouvre suffisamment de portes pour faire avancer l’histoire.
Mais on aura compris que si le monde que nous présentent Lana et Andy W est sans limite et ouvre de multiples pistes narratives à explorer, il est surtout propice à proposer des envolées spectaculaires que peu de superproduction peuvent se vanter de procurer.
Jupiter Ascending reste un divertissement débordant et foisonnant, qui vaut surtout par ses excès assumés et moins par la portée d’un quelconque message (qu’il aurait été difficile de faire passer par le jeu Mila Kunis, dont le charisme frôle le néant).
Mais contrairement à beaucoup de blockbusters actuels qui ne visent que la planche à billets et délestent leur propos de toute forme d’émotions en appliquant des formules toutes faites (généralement avec des gros monstres), le cinéma des Wachowski se nourrit d’une certaine nostalgie pour insuffler leur modernité et leur vision furieusement pop à des œuvres singulières.
Ça n’a au final rien de mémorable, mais c’est assez euphorisant sur l’instant. C’est déjà ça.