Quand j'ai appris à propos de ce film, le concept m'avait paru original. J'avais envisagé le voir à sa sortie au cinéma, mais les notes assez moyennes m'avaient fait hésité. Je voulais que quelqu'un me donne envie de le voir, je n'attendais que ça, mais même TheK-One, plutôt du genre à aimer les films de Carell ou les comédies comme celle-là, ne m'avait rien dit qui m'ait vraiment motivé. Il me disait en gros que la première moitié était drôle, mais qu'après ça s'embourbait dans les émotions.
Putain bah heureusement que vendredi prochain c'est censé être la fin du monde et que ça m'a donné envie de voir des films sur ce sujet-là, parce que sinon je n'aurais pas encore vu "Seeking a friend for the end of the world" !

La première scène est hilarante. On nous introduit dans le film par une annonce à la radio sur la météorite qui doit s’écraser sur Terre, en gros le présentateur annonce que l’équipe de sauvetage envoyée dans l’espace est morte. Il y a des détails qui ancrent cette histoire limite sci-fi dans la réalité et qui sont en même temps hilarants car absurdes dans ce contexte : comme pour le tornades, on a donné un nom (Matilda) à la météorite, et le présentateur enchaîne en faisant de la pub pour sa station.
La réaction de Dodge, le personnage de Carell, en voiture quand il apprend ça, après un moment bouche bée : "Je crois qu’on a raté la sortie". La réaction est absurde et en même temps très réaliste, en un sens. Ce truc qui tombe sur la gueule des personnages est tellement monumental, ce serait tellement inimaginable si ça nous arrivait, que cette réaction me paraît bien plus crédible qu’autre chose, en tout cas comme 1ère réaction.
C’est un drame d’une telle ampleur que les gens ne peuvent pas savoir comment réagir face à ça. Dans le film, il y en a qui tondent le gazon, qui font une brocante, … pour moi ce sont des gens perdus, qui ne savent pas quoi faire parce qu’ils ne pensaient pas qu’une chose pareille viendrait un jour perturber leur petit quotidien tranquille… ils sont déboussolés, ne prennent sûrement pas conscience de ce qui arrive, donc se raccrochent à ce qu’ils connaissent, et font ce qu’ils ont toujours fait dans leur quotidien.
Il y en a d’autres qui, de la même façon qu’on plaque sa main contre le trou dans la coque d’une barque pour éviter qu’elle coule, essayent de maintenir en place les morceaux d’une vie qui va s’effondrer, ne faisant que se donner l’illusion d’éviter ce qui sera inévitable. A un moment, il faut lâcher prise. Eux ils sont cons ou bornés, ils continuent d’aller à leur boulot comme si c’était encore utile, c’est plus ou moins ubuesque selon les situations dans le film. Pas de chance pour les personnages principaux, ils tombent à un moment sur un policier qui fait encore son boulot même si ça ne sert plus à rien.

Evidemment, il y a aussi les gens qui préfèrent semer le chaos, provoquer des émeutes. Comme "Seeking a friend for the end of the world" est plutôt une comédie romantique, personne ne meurt évidemment, on entend des coups de feu et les personnages se croient menacés, mais ces tirs viennent de nulle part, on ne fait que les entendre, ils ne se matérialisent pas en une menace. Je pense surtout que la réalisatrice considérait que ces démonstrations de "violence" sont un passage obligé pour prendre en compte une certaine réalité, c’est surtout ça. Malgré ça, je dois dire que j’ai tout de même un peu stressé quand arrivent les émeutiers et que les héros ont du mal à démarrer (même si je savais que rien n’allait leur arriver).

Et il y a ceux qui en profitent. Qui font ce qu’ils veulent, disent ce qu’ils pensent : on s’en fout, il n’y a pas à se préoccuper des conséquences.
Sur les murs dans la rue, on voit affichées des annonces pour s’offrir les services d’un tueur professionnel, ou pour se taper quelqu’un d’encore vierge. C’est le genre que je m’imagine à peu près possible, si on nous affirmait avec certitude que le monde viendrait à sa fin.
Il y a des situations vraiment drôles au début du film, "comme dans une vraie comédie", moi qui croyais que j’aurais plutôt affaire à une "comédie romantique", j’ai été un peu surpris de rire autant.
Il n’y a qu’un gag un peu poussif (l’amie de Dodge qui s’étonne que sa femme ne l’ait pas quitté plus tôt), autrement j’ai trouvé la réalisatrice/scénariste Lorene Scafaria aussi juste dans le choix des gags que dans celui des situations qui montrent les comportements lors de la fin du monde.
Il y a des idées et répliques superbes : "You think Jesus was sober for his last supper ? You think he turned water to lemonade ?", "He’s not gonna die alone, he’s gonna die with everybody else", "Dodge I want you to be my last", "This is ironic because being afraid of dying alone is why I got married in the first place".
On sent que la scénariste a beaucoup réfléchi à ses personnages et leurs réflexions dans cette situation où la fin est proche.

Au milieu des gens qui se suicident ou qui se lancent dans des orgies, pour Dodge, c’est le temps des regrets.
Il s’en fout de trouver quelqu’un avec qui passer le reste de sa vie avant la fin du monde, c’est un bad timing pour lui : sa femme vient de fuir.
Il reçoit une lettre de "the one that got away", son premier amour perdu. J’ai mis le film en pause pour lire en entier la lettre, où la femme dit à Dodge de ne pas chercher à la retrouver, mais qu’elle devait lui dire qu’il a été "the love of her life".
Ca m’émeut, c’est tellement triste comme situation ; ça, et le fait qu’on doive attendre que quelque chose de spécial arrive (quelque chose de grave en général) pour avouer ce qu’on ressent. On n’a pas encore connu l’apocalypse, mais dans la vraie vie c’est quand même pareil.
Dodge s’embarque dans un road trip pour retrouver cette femme, en compagnie de sa voisine qu’il vient de rencontrer, la jeune Penny. Steve Carell et Keira Knightley. La star de "Pirates des Caraïbes" et l’acteur comique.
Un bon choix d’acteurs, qui forment un duo original mais crédible et finalement bien assorti.
On s’attache facilement à eux, sans que ces personnages n’aient vraiment quoi que ce soit de spécial.
J’ai vu "Safety not guaranteed", où un homme et une femme s’associent pour que l’homme construise sa machine à remonter le temps qui lui permettra de retrouver la femme qu’il aimait.
J’ai vu "Wristcutters", où un homme et une femme suicidés font un road trip dans l’au-delà pour que l’homme retrouve la femme qu’il aimait.
Je savais que les évènements allaient prendre la même tournure dans "Seeking a friend for the end of the world" (j’en dis pas plus, mais c’est tellement évident…)
Marrant qu’il y ait eu récemment tous ces films avec un même message, et tous des films où un contexte SF/fantastique en toile de fond sert à mettre en avant une histoire de relations humaines.
Ca n’empêche pas chacun de ces films d’être intéressant.
"Seeking a friend for the end of the world" un peu plus que les autres, pour les petits avantages qu’il a, notamment avec ses répliques bien senties et ses bons mots.

J’avais trouvé le début du film génial, mais là déjà je me disais que j’allais devoir me préparer à être déçu ensuite. Etant donné ce qu’on m’avait dit sur la différence de qualité entre la première et seconde partie du film, à mi-parcours je me suis dit "apprête-toi à ce que ça devienne moins bon".
… Et ce n’est pas devenu moins bon. J’imagine que ceux qui considèrent ça n’ont pas de cœur (t’entends ça, TheK-One ?!). La transition vers un film plus sentimental ne m’a nullement dérangé ; je pensais que ça allait devenir trop lourd de ce côté-là, étant donné ce qu’on m’avait dit, mais non, pas du tout, à mon goût.
Je reproche seulement quelques petites longueurs, autrement j’ai trouvé ce qui arrivait dans le film touchant et beau.
Il y a pleins de moments ou de phrases qui auraient pu être cuculs… mais les acteurs sont tellement bons que ça ne l’est pas. Steve Carell prouve son talent ailleurs que dans un rôle comique.

J’ai appris l’existence de l’ "hypersomnie", et découvert que Keira est très belle quand elle dort paisiblement.
Rien à rajouter si ce n’est : vivement la fin du monde.


PS : Surpris par ce plan où la caméra est attachée à un côté de la voiture et qu’on en frôle une autre qui est garée sur le bord de la route.
On dirait que le plan a été fait pour ça, parce que sinon, pourquoi prendre un tel risque en frôlant cette voiture, ils sont fous ou quoi ?
Wykydtron IV

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