Jusqu'à l'essentiel (ou presque)

ATTENTION : Quelques spoilers

Un ancien couple se dispute la garde de leur garçon (leur fille, elle, est presque majeure). La femme l'accuse d'être violent. Lui clame simplement vouloir revoir ses enfants.

La scène de départ chez le juge est très réussie, et, bien que n'ayant pas vécu d'expérience personnelle similaire, me paraît très réaliste.

Puis vient cette tranche de quotidien, où le jeune garçon doit à contrecoeur passer certains weekends chez son père. Si le mystère demeure un peu au début, on comprend vite que le père est d'un naturel violent, et, par rage d'une situation qu'il ne comprend pas (ou qu'il feint de ne pas comprendre), il en vient à "traquer" son ex-femme, c'est-à-dire chercher où elle demeure aujourd'hui, par le biais de son fils, qu'il tente de manipuler.

Le point de vue est donné donc (ou dirons-nous plutôt distillé, car le père demeure quelqu'un de relativement correct jusqu'à un certain point du film). Choix de fait "manichéen" (dans le sens où il y a un "méchant" assez bien identifié), mais pas inintéressant car se voulant proche de la réalité que vivent certaines femmes, notamment en ce qui concerne les violences et le harcèlement (plus moral que sexuel, ici).

Dans ce drame tendu donc, Léa Drucker et Denis Ménochet incarnent à merveille leurs personnages. Ils portent le film et lui permettent de sortir de sa mise en scène relativement banale. Les première et dernière scènes sont les plus réussies, car les plus tendues (on ressort plutôt choqué du film).

Le reste du film est également réussi, même si certains passages posent question quant à leur pertinence. Quel est l'intérêt de montrer que leur fille est tombée enceinte par exemple ? Ce ressort n'est pas développé, et on a l'impression que cela relève plus du remplissage qu'autre chose. C'est d'autant plus dommage que cette scène est formellement réussie (ce qui me fait penser que le scénario original devait sûrement développer cet aspect mais qu'ils l'ont coupé au montage... tout en gardant cette scène, car visuellement intéressante).

Le film, relativement court, aurait du coup, et malgré tout, gagner à être encore un peu plus concis, pour rester dense de bout en bout. On peut également regretter que, bien que légèrement mystérieux, il nous montre bien vite que le père est violent, alors qu'il aurait pu jouer sur l'ambigüité plus longtemps.

Du coup, J'ai plus eu le sentiment d'assister à un film social, qu'à un "vrai" film. Non pas que la portée sociale d'un film soit négative, mais elle a tendance parfois à supplanter les aspects cinématographiques purs. Néanmoins, son sujet, et son traitement, marquent. Un film un poil trop "nécessaire" (terme qui me fait tiquer) mais réussi néanmoins. Malgré mes réserves, je le conseille fortement.