Jusqu'à la garde a laissé au spectateur que je suis un profond sentiment de malaise.
Parce que ce film est incroyablement réaliste, notamment sur la première scène devant le JAF, ou chacun, tour à tour, prend et perd l'avantage, sans qu'on sache si on est en présence d'un père violent, ou d'une mère manipulatrice, voire des 2. Le suite éclaire vite le sujet, mais l'enjeu n'est pas la, car ce qui rend le film douloureux à regarder, je n'exagère pas, c'est la performance incroyable du trio d'acteurs, qui charrie, chacun à sa façon, une souffrance qui les détruit.
Le fils, le jeune Thomas Gloria sait exprimer d'un seul regard la terreur noire que lui inspire son père (les scènes dans la voiture sont particulièrement dures, alors qu'on n'y voit que de la violence psychologique - ex l'utilisation du signal d'alerte du non accrochage des ceintures sonne comme un avertissement de l'anormalité de la situation).
Léa Drucker, en mère sous emprise de sa relation toxique est bouleversante de naturel, sans que le réalisateur en fasse une sainte - voir par exemple les changements d'adresse sans avertir le père, les mensonges...
Quant à Denis Menochet, sa violence "meurtriere" est explicitée - mais jamais excusée - par sa solitude et le rejet de son fils, mais aussi par la relation violente avec son propre père, relation évoquée en quelques scènes dans le film. Il rend avec une incroyable justesse la fureur contenue, puis libérée, la confusion qu'un homme pourtant respecté peut faire entre amour et emprise, son incapacité à accepter ses propres limites, sa fragilité qu'il parait combler via une attitude toxique envers ses relations et qui conduiront à un final violent.