Justice League : Une délicieuse amertume. [Critique par ROY21]

Ici, c'est full-spoilers. Alors si tu n'as pas vu le film : fuis ! Sinon, bienvenue, et bonne lecture.


Je me suis senti oppressé pendant Justice League, comme quand les deux personnes assises à côté de toi prennent les deux accoudoirs : tu profites un max du moment mais t'as toujours ce petit quelque chose qui t'empêche de t'épanouir. Étais-ce dû au format du film (que je n'avais déjà pas apprécié sur Avengers, trop un format "série" pour moi) qui rétrécit forcément le champ ? Peut-être. Toujours est-il que si ça avait été le seul soucis que j'avais rencontré, tout aurait été pour le mieux. MAIS !


Quel bonheur de retrouver tous ces personnages sur grand écran, j'ai eu un sourire hébété et un frisson alors même que je voyais la porte de Salle 7 s'approcher, entouré par ces immenses stands aux couleurs du film. Arrivé grave en avance -> la meilleure place de la salle. S'en suit une longue attente à théoriser une dernière fois avec ami, avant que les lumières ne s'éteignent sur une salle comble. Le film démarre très fort avec une cette vidéo-mobile de Superman faite durant les reshoots (on les remarque les scènes des reshoot... mais j'y reviendrai) et cette cassure nette et beaucoup plus sombre sur une grandiose intro respirant Snyder, montrant les hommages au défunt Superman à travers le monde et la montée du crime dans La Ville de Demain, magnifiée par les notes d'une sublime reprise d'Everybody Knows (peut-être d'ailleurs le seul moment sonore ayant un impact émotionnel durant toute la durée du film, tristesse absolue), c'est sûr, les deux heures seront magique et passeront à une vitesse folle. Non ?


S'en suit une scène sur un toit sombre et crasseux, de nuit. Pas de doutes, nous sommes à Gotham. Au bout de quelques secondes seulement, Snyder nous sert déjà un plan iconique de la Chauve Souris dans le reflet d'une porte. La scène d'action qui suit, l'environnement dans lequel la scène évolue, tout sans exception respire Batman, rien n'est de travers, tout est parfait. On regarde une page de comics prendre vie, grandiose. Et puis... vient le premier questionnement du film : comment Batman a découvert les Parademons ? Comment sait-il que ceux-ci sont attirés par la peur ? Comment se fait-il qu'il y en ait un qui traîne dans les rues de Gotham alors qu'ils sont visiblement toujours en essaim ? On se dit qu'on aura des réponses à tout ça dans la suite des événements ? A part "c'est un éclaireur" ? Bah non. Et bien sûr, Batman évoquera le Knightmare et sera confus de voir que les créatures qu'il a vu en rêve existent bel et bien ? Bah non.


Cyborg est introduit. J'ai hal-lu-ci-né. Mais quel charisme ! Sérieusement, je me suis tourné vers mon pote, et je n'ai rien eu besoin de dire. Je n'aurais jamais cru que Cyborg aurait autant de prestance, de grace, et de charisme. Pourtant, le moment est assez noir, et d'ailleurs, le développement du personnage est très intéressant, puis s’essouffle au fil du film, comme le reste. On se dit que Cyborg va garder cette prestance sans égale durant tout le film, qu'il effraiera même peut-être les Parademons rien quand les regardant ? Bah non.


Au tour de Barry Allen. Force est de constater que cette scène dans la prison ne m'a pas apporté autant d'émotion que le duo des Allen de la CW, mais j'ai beaucoup aimé Henry Allen, je suis pressé de le revoir. Quant à Ezra, je le préfère à Gustin : son personnage a plus de cœur, beaucoup plus, et il a une vraie personnalité... et il est bien meilleur acteur. Je dois avouer que j'ai beaucoup aimé son comportement tout au long du film, mais j'espère tout de même qu'à l'avenir, il se détache un peu de cette aura Wally West pour devenir un personnage un peu plus sérieux et inspirant pour sa ville.


Nous voilà arrivé dans un musée de Londres avec des terroristes. Mais QUEL. ÉTAIT. LE BUT. DE CETTE SCENE ?! On est d'accord qu'il n'y avait aucun rapport avec l'intrigue ? Sérieusement, c'était vraiment cool, mais dans un film si court avec autant de problème de fluidité de montage (tiens, ça me rappelle un film) et de "plot holes" (tiens, ça me rappelle un film), étais-ce vraiment nécessaire ? Si c'était pour montrer que le crime a augmenté suite à la mort de Superman, c'était inutile, on l'avait compris dans l'intro. Non, ça sentait juste la commande de Warner Bros qui ont réclamé une scène avec Wonder Woman, alors qu'elle a déjà un temps d'action assez conséquent dans ses duels avec Steppenwolf.


Steppenwolf qui attaque Themyscira : J'ai eu peur. J'ai vraiment cru qu'ils avaient choisi la facilité et que toutes les Amazons allaient mourir, comme ça, on ne s'occupe plus de Themyscira et des ses habitantes. Ouf. Sinon ? J'ai trouvé la scène assez bonne, mais peut-être un peu trop rushée. Snyder est sensé briller avec des personages de type gladiateurs de ce genre, et pourtant, pas le temps de s'attarder sur du visuel ultra-léché et sur du ralenti, il faut se dépêcher, il n'y a qu'1h59 !


J'ai bien aimé l'idée d'une relation entre Bruce et Diana, avec Alfred le forceur (qu'il est parfait ce Alfred, sérieux !). Apparemment, d'après Affleck, Whedon aurait renforcé cette idée de "tension sexuelle" entre les deux personnages (je pense donc que la scène de la remise en place de l'épaule est de lui). Mais du coup, j'ai trouvé que ça jurait avec certaines scènes, comme si dans certaines, on ressentait une connexion entre les deux personnages, et d'en d'autres, pas du tout. Comme si le film avait été fait par deux réalisateurs...


Nous viens une scène avec Martha et Lois. Le fait qu'elle vende la ferme est juste déchirant, et les deux femmes sont clairement privées de ce qui les rendait entières. D'ailleurs, le manque de Superman est très présent pendant la première partie du film... parfois avec un gros manque de subtilité, mais très présent, et je trouve que c'est une bonne chose.


La scène dans le passé était belle mais était tellement courte ! Je m'attendais plus à un vrai flashback et non à une histoire racontée par Diana avec des images balancées en arrière plan, on avait l'impression de regarder un documentaire et non d'y prendre part, c'est dommage, surtout avec toutes les surprises ! J'avoue avoir fait un arrêt cérébral quand j'ai vu le Green Lantern, c'est tellement énorme d'en avoir casé un ! Et les Dieux ! Whoa, j'espère voir une version longue de cette scène un jour.


Mais du coup, Steppenwolf, il est un peu naze non ? Il s'est fait botter les fesses par la Terre, il a été exilé pendant des milliers d'années, et il revient pour conquérir la Terre et reprendre sa place aux côtés des New Gods, voilà. Heureusement qu'ils nous l'a dit, car les réals, eux, ne nous l'ont pas montré. Au final, sans avoir un réel background visuel du personnage autre que son apparence de figurine à 12€, ben ça en fait un vilain oubliable.


Ensuite, les éléments s'enchaînent vite, trop vite. Le recrutement est éclair, parsemé de reshoots voyants à des kilomètres avec un Ben Affleck qui a une balance muscles/graisse qui varie entre chaque plan, des fonds verts qui apparaissent et disparaissent... ça sort du film. Ce n'est pas les seuls moments où les reshoots sont visible : la bouche de Henry Cavill. Quelle horreur ! Le pire, c'est qu'au début, pendant l'intro, j'avais totalement zappé cette histoire de moustache, et je ne comprenais pas ce qui n'allait pas à l'écran. Et je me suis rappelé... :| Franchement, je pense qu'ils auraient pu mieux faire... peut-être un manque de temps.


La scène sous-marine de Steppenwolf qui attaque le sanctuaire où est gardée la Mother Box Atlante est superbe, ce moment où Mera retire toute l'eau autour de lui et relâche tout sur sa tronche après qu'il se soit écrasé au sol comme une daube m'a coupé le souffle ! Aquaman (le film, donc) est dans un an, l'attente sera longue. Mais j'ai (et ait toujours eu) une confiance totale envers James Wan pour ce film. Croisons les doigts.


Le combat dans les égouts a ses bons moments, ses lenteurs, ses WTF... je l'ai trouvé trop inégal. Et pourtant, il y a du grandiose, et on sait tous de quelle scène je parle.


S'en vient maintenant le plus gros WTF du film : c'est la League qui ressuscite Superman ? Sérieux ? C'est pas LE truc de vilain normalement ? Franchement, j'ai trouvé ça méga déplacé. Il y avait d'autres moyens de montrer qu'il était essentiel à leur victoire et qu'ils en étaient au courant. C'est Steppenwolf ou Luthor qui aurait dû ressusciter Kal pour en faire leur Bizarro ou au moins essayer, pas les gentils, et toute la suite aurait été identique, c'est dommage.


Deuxième WTF du film -> La réunion entre Clark et les deux femmes de sa vie se fait... roulement de tambour... sans son thème. J'étais tellement énervé, déçu, et frustré. C'est une insulte même au personnage que nous a fait là Elfman. Surtout si c'est pour nous sortir ses conneries d'hommages qui sont totalement déplacés et sortent du film (de toute façon le score pendant le combat Sup VS League était le plus déplacé de tous, totalement hors sujet). Mais ça, c'était à prévoir... Ce mec est hold school, complètement dépassé, son génie d'en-temps n'est plus.


Ensuite, ils partent tous à Chernobyl, et c'est là que tu dis "Ah ouais, c'est vrai que le film fait 1h59". C'est déjà la séquence finale. C'est fou, depuis le début du film, quasiment rien n'a été approfondit ! Tout a été survolé et fait en vitesse, une vraie course de relais, c'est d'un dommage. Comme prévu, la League n'est passé assez forte pour vaincre Steppenwolf. Donc, comme le suggéraient les trailers, les différents posters, et la BO, ils seront rejoints par un Superman déifié, se tenant face à eux dans le ciel alors qu'ils se tiennent tous en ligne dos à un ciel orangé, dans un sublime hommage à la série animé, souligné par un theme sonore reprenant les notes de son générique ? Et non ! TOUT. A . ÉTÉ. COUPÉ. AU. MONTAGE... TOUT. A la place, on a un Superman qui sort de nulle part, sans aucune entrée fracassante, sans aucune iconicité, grandeur, poésie... ET SANS SON THEME ! Alors oui, nous avons enfin LE Superman : Cavill est transformé, il campe un Kal-El rayonnant sous tous les sens du terme, et a atteint officiellement le personnage symbolisant l'espoir que nous connaissons des comics. Mais il aurait fallu mettre ce retour en scène. C'est là qu'on comprend que la vision de Snyder a été progressivement perdu au fil du film, pour être totalement absente à la fin, ne laissant que ses visuels.


Le film se termine par les héros retournant chacun de leur côté, teasant des choses qui j'espère seront abordée à l'avenir, que ce soit l'emploi de Barry, Clark qui est en mode full-Reeve, les plantes alien qui poussent à Chernobyl (ça sent le Black Mercy, non ?)... mais surtout... le Hall Of Justice qui sera donc dans l'ancien Wayne Manor ! Le tout sur un discours de Lois Lane qui n'a aucun impact émotionnel puisque Elfman n'a tout simplement plus aucun talent, et a gâché le film.


*


J'ai pris un pied phénoménal devant Justice League, j'ai versé ma larme et eu le souffle coupé à de nombreuses reprises face à l'action. Mais je n'ai pas eu l'impression d'être devant le troisième volet de la trilogie Snyder. Je n'ai pas eu l'impression d'être devant quelque chose de grandiose, de poétique, ou d’iconique. Oui, l'héroïsme était présent en grande dose, mais c'est tout. J'avais juste l'impression d'être devant quelque chose de nouveau, comme si la page des films avec des super-héros était tournée, pour laisser place à des films de super-héros. Comme si, comme si on n'avait pas attendu la fin du film pour passer à autre chose.


En fait, j'attends toujours de voir Justice League, comme si j'avais une frustration énorme d'avoir visionné une immense bande annonce au ciné, et que j'allais bientôt voir le métrage entier (mais si, comme pour Batman V Superman et ses deux versions). Et je ne sais vraiment pas ou donner de la tête, car au final, j'ai passé un moment extraordinaire au ciné à en avoir mal crâne d'excitation quelques heures plus tard, mais je sais très bien que le film que j'ai eu n'est pas à la hauteur DU TOUT de ce qu'ils aurait dû être, et n'a rien à voir. Au final, c'était aussi vide que le tome 1 des New 52 ou Justice League : War qu'il adapte dans les grandes lignes, et j'en espérais beaucoup plus d'un film à 300M rassemblant pour la première fois la Ligue des Justiciers au cinéma. Ce film aurait dû être monumental et marquer l'histoire du cinéma, en détrônant les meilleurs. A la place, il a échoué dans bien des points et j'aurais toujours ce goût amer en le visionnant. Car je le revisionnerai, ça, c'est sûr !

ROY21
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le 17 nov. 2017

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