Tiré d’un fait divers passé sous silence pendant presque trois décennies, le film de Bigelow n’en a que plus d’impact. On pourra toutefois regretter quelques creux où la tension faiblit considérablement ainsi qu’une certaine propension au stéréotype. Le plus dur reste quand même d’imaginer Harrison Ford en russe. Néanmoins, se cache derrière ce récit une aventure humaine faite d’héroïsme et d’abnégation qui ne peut pas laisser complètement indifférent. S’ouvre alors une réflexion intéressante (car plutôt rare) sur le sacrifice, dont le film est à lui seul une allégorie parfois un brin poussive. Les scènes nous montrant les membres d’équipage juste avant qu’ils n’entrent dans le compartiment du réacteur nucléaire, s'exposant ainsi à une radiation mortelle, sont d’ailleurs les plus réussies du film, que Kathryn Bigelow a voulu profondément humain. Cet équipage russe méritait un film à sa mémoire, et même si celui-ci est loin d’être parfait, il a au moins le mérite d’exister.