Avec avant tout les performances incroyables d’Humphrey Bogart incarnant un héros humain avec ses nuances morales et le pragmatisme d’ancien soldat désabusé au lumineux sourire final, et surtout d’Edward G. Robinson, mafieux sans scrupules aussi grotesque (dans la baignoire) que sublime, éclipsant tous les deux la magnifique Lauren Bacall se tenant dans l’ombre des grands hommes, Key Largo, quoique enfermé dans les règles théâtrales des unités de temps, de lieu et d’action, est nourri d’une tension continue causée par les oppositions entre les deux camps de personnages brillamment mises en scène, renforcée par ce huis-clos de l’hôtel lui-même littéralement isolé du reste du monde, symbolisée par cette tempête se déchaînant sans pitié sur l’île comme une vengeance divine, une fatalité à laquelle personne ne semble pouvoir se soustraire et qui trouve son équivalent humain dans le personnage maléfique de Rocco et consorts. Le tout accompagné de la très bonne musique de Max Steiner qu’on ne présente plus et la splendide photographie du moins connu Karl Freund, ancien collaborateur de Murnau.


Une excellente adaptation d’une pièce de M. Anderson signée par le duo John Huston / Richard Brooks.

Marlon_B
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le 11 mai 2021

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