Hyperviolence

Je me souviens encore de moi, il y a trois ans et demi, dans cette salle de cinéma quasi-vide, alors que c'était pourtant le jour de sa sortie, attendant un film casse-gueule qui finalement se révéla brillant. Certes, on a vu mieux que Kick-Ass, mais la maîtrise évidente de Matthew Vaughn qui livrait une mise en scène excitante et fun, cernant vraiment bien son sujet en multipliant les références et les gags plus fous les uns que les autres... Malgré ses défauts, Kick-Ass était une excellente surprise, un film de petit malin super bien casté de A à Z, à la bande-originale parfaite et aux scènes alliant hyperviolence et teen movie. Et même après revisionnage, le plaisir s'avérait intacte tant les scènes de "baston" suintaient vraiment la patte du grand Matthew Vaughn, ami et producteur de Guy Ritchie, dont on reconnaissait des leitmotiv dans le film adapté du comics de Mark Millar et John Romita Jr..

Et disons le tout de suite : ce deuxième volet est inférieur au premier. Mais pas raté non plus. L'impression est assez étrange d'ailleurs, tant on a l'impression que le film se perd parfois trop dans un ton sérieux que le film de Vaughn évitait très souvent et n'approchait que quand ce ton apportait réellement au film ? (à moins que l'on tende réellement vers un troisième volet hyper sombre - envisageable mais étrange) A vrai dire c'est ce qui m'a tout de suite choqué : on ne rit pas énormément. Il y a bien deux trois répliques dans le ton du premier qui font mouche, quelques scènes de baston énormes (MotherRussia qui tue des flics à la pelle sur la musique de Tetris : ça c'est culte) et des personnages hauts en couleur, mais finalement, on est bien souvent dans des intrigues tendant plus à éclaircir les relations que peuvent avoir les protagonistes entre eux, mettant en très mauvaise posture des personnages importants même dans le milieu du film... Kick-Ass 2 se prend parfois trop au sérieux. Des fois ça marche (Dont notamment les deux scènes du MotherFucker avec le fameux « Je ne suis pas si cruel ! », très réussies), mais bien trop souvent le mélange des genres ne prend pas, et là où on attendait surtout du fun, on se retrouve avec un film qui a le cul entre deux chaises.

Pas difficile d'être déstabilisé par autant de changements radicaux d'atmosphère et d'ambitions. Kick-Ass 2 prend un virage assez important, et il est évident que Jeff Wadlow n'a pas les qualités pour le réussir : si y a quelques bons trucs, la mise en scène est plate, froide, loin d'être aussi exaltante que celle du premier et on regrette vraiment que Vaughn n'ait pas rempilé. Surtout que le film perd de l'intérêt sur beaucoup d'autres plans : la direction artistique semble moins poussée (Mintz-Plasse est vraiment mauvais), et y a juste la performance sobre et vraiment réussie de Jim Carrey qui sauve le cast, la bande-originale est moins entreprenante, les scènes d'actions moins bien tournées et répétitives...
Attention ! Kick-Ass 2 n'est PAS un mauvais film. Ce nouveau volet est plaisant, divertissant, les 1h45 passent assez vite et la qualité de l'écriture des personnages reste toujours un gros point positif, mais à force de vouloir imiter le format du premier film - avec néanmoins une volonté de faire plus sérieux - Wadlow se perd dans un produit peut-être trop calibré et trop anecdotique.

Parce que là où Kick-Ass a presque accédé au rang de film culte depuis sa sortie, il est évident que sa suite n'aura pas le même destin : alors oui, on rigole toujours sur deux trois gags, oui aussi, le ton plus sérieux du film est parfois réussi, oui, les personnages secondaires sont monstrueux... Mais oui aussi, les intrigues se perdent dans des choix scénaristiques douteux, oui, le réalisateur ne sait pas tenir son film, oui aussi, le mélange des genres se crash parfois la gueule... Et juste pour finir sur une autre note : j'ai trouvé le film plus violent que le premier, bizarrement. Pas seulement au niveau du sang mais surtout en rapport avec des scènes "douloureuses" pour des personnages, qui finissent quand même très mal. Ça ne 'ck Ass pas des briques mais ça se regarde.