Kick-Ass premier du nom, n'a coûté que 28 millions de dollars et en aura rapporté près de 150 millions à travers le monde pour son exploitation salles, plus pas loin de 150 millions de plus pour son exploitation vidéo. Un filon juteux pour la Lionsgate détentrice des droits qui n'avait alors pas de quoi abandonner la poule aux oeufs d'or. Très vite, le projet d'une suite fut annoncé et le studio se confronta alors à une difficulté imprévue, réunir l'équipe originale. Chose impossible à cette époque tant le succès du premier film avait propulsé toute son équipe sur orbite. Lionsgate piétinant, le studio se résolu finalement à vendre la franchise à Universal qui fixa aussitôt une date de sortie et contacta immédiatement Matthew Vaughn pour rempiler à la réalisation. Mais entretemps Vaughn avait signé un remarquable et remarqué X-Men First Class et le succès de ce dernier film aura donné un certain prestige au réalisateur qui, croulant alors sous les projets, déclina la proposition. Un mal pour un bien pour les producteurs tant Vaughn était devenu trop cher, Universal ayant a coeur d'amasser le pactole sur ce nouveau Kick-Ass tout en y investissant le moins possible. Le studio se rabattit alors sur Jeff Wadlow, jeune réalisateur méconnu ayant déjà emballé Cry Wolf et Never back down, rien de sensationnel donc. Le casting original fut réuni pour cette suite et Mark Millar, auteur de la bd et producteur du film, ne tarit pas d'éloges sur le travail de Wadlow, allant jusqu'à affirmer que cette suite surpasse le premier opus. A sa sortie pourtant, les réactions ne se firent pas attendre. Les critiques publiques et professionnelles dégommèrent allègrement le film, jusqu'à convaincre tous ceux qui ne l'avaient pas encore vu que Kick-Ass 2 n'était rien de moins qu'une insulte au premier opus.


Si le film de Vaughn a tant séduit le public c'est surtout pour ses personnages iconoclastes, son second degré ravageur, sa violence débridée (qui n'aura pas empêcher la censure de le classer tout public en France là où il fut interdit aux mineurs de moins de treize ans aux Etats-Unis) et l'efficacité de sa dramaturgie rehaussant le scénario par un sacrifice d'anthologie en cours de métrage. Et ce malgré une entorse à l'ambition de départ, le vigilante pseudo-réaliste se muant progressivement en authentique comic book movie. Cela n'empêcha pas le film de rencontrer son public de par le monde jusqu'à gagner une aura de film culte instantané. Cette surprise ressentie lors du visionnage du premier film, on ne la retrouva évidemment pas dans le second opus, d'où la mauvaise réaction du public à la sortie de Kick-Ass 2.


Le scénario de cette première (et certainement dernière) suite se situe dans la continuité des événements du premier film et l'on retrouve nos jeunes héros trois ans après. Kick-Ass a fait des émules. Partout en ville et à travers le monde, on ne compte plus les justiciers costumés qui patrouillent dans les rues. De son côté, Mindy s'est un rien assagie sous l'influence de son père d'adoption mais souffre d'être exclue par ses camarades du collège, elle n'a pour autant pas abandonné sa croisade contre le crime et mène sa double-vie à l'insu de son tuteur. Dave lui s'ennuie ferme et a la nostalgie du costume. Il persuade Mindy de l'entraîner pour devenir son équipier. Mais celle-ci finit par promettre à son tuteur d'abandonner définitivement le masque. Qui plus est, elle se découvre de plus en plus sensible aux préoccupations des jeunes filles de son âge. De son côté, Dave trouve de nouveaux alliés dans une ligue de justiciers formée par un ancien mafieux, le colonel Stars and Stripes. Tandis qu'à l'autre bout de la ville, Chris D'Amico rumine sa vengeance.


Tombant dans l'écueil de la séquelle à outrance, Kick-ass 2 joue pleinement la carte de la surenchère en multipliant les personnages secondaires, la violence débridée et les pugilats furibards via un scénario qui cède parfois hélas à la vulgarité crasse et aux blagues scatos de très mauvais goût. D'autant qu'on ne compte plus les facilités narratives, entre la petite amie du héros qui s'éclipse opportunément au bout de deux courtes apparitions ou l'intervention de l'oncle de Chris d'Amico (incarné par Iain Glenn) qui ne sert absolument à rien si ce n'est supprimer au bad guy son dernier repère affectif. Jeff Wadlow assure le spectacle visiblement du mieux qu'il peut mais peine à imposer une scène d'action d'anthologie, ce qui est un comble quand on se souvient de toutes les scènes où intervenait Hit girl dans le premier film. Qui plus est, les effets spéciaux ne fonctionnent pas toujours et semblent être la preuve de l'investissement minimal d'Universal dans le projet. Preuve en est, ces incrustations ratées de la séquence où Mindy se voit canardée sur le toit d'une fourgonnette lancée à vive allure.


Les défauts évidents de ce second opus ne masquent pas pour autant ses quelques qualités. Wadlow (avec l'aval de Mark Millar, auteur du comic) détourne le concept original pour créer une galerie de personnages tous azimuts, bons comme mauvais, jusqu'à donner à son film sa propre identité visuelle dans la profusion de costumes bariolés et fantasques. Le scénario sans être un modèle d'originalité, ne réemploie pas les figures imposées par son prédécesseur (la grande maladie des séquelles) et choisit de suivre une intrigue différente et cohérente avec les trajectoires de ses protagonistes. Il est par ailleurs sympathique de retrouver Jim Carrey dans un rôle, certes totalement secondaire et minimaliste, mais taillé à sa mesure. Et puis de toute manière, avec le capital sympathie qu'avait Nicolas Cage dans le premier opus, il fallait bien une autre star sur le retour pour parrainer ces jeunes interprètes. Cependant à ce jeu, c'est plutôt John Leguizamo, vedette de moindre envergure, qui se démarque dans son rôle de Javier, porte-flingue propulsé bras droit de Chris d'Amico. Certains de ses échanges avec le jeune bad guy font même sourire comme lorsqu'il refuse catégoriquement d'appeler Chris par son sobriquet de vilain : Motherfucker, ou quand il refuse d'être comparé à un majordome.


Régressif et décomplexé, Kick-Ass 2 fait donc partie de ces suites dont le grand tort est d'en être une. Bourré de défauts visuels et de fautes de goûts, le film de Wadlow n'en est pour autant pas dénué de qualités dont l'une des moindres est de proposer une continuité cohérente avec le premier film. Cela étant dit, comme bon nombre d'autres oeuvres, Kick-Ass aurait largement pu se passer de suite.

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le 20 sept. 2016

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Buddy_Noone

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