Killing Bono par Pierrick Boully
Killing Bono est un beau film, représentatif du cinéma anglais qui manie avec élégance les plans et les couleurs, mais il n’échappera pas à la comparaison avec son film ainé, Nowhere Boy, lui centré sur l’enfance de John Lennon.
Malgré un montage du film où la fin se trouve au début le scénario n’en devient pas prévisible, sauf pour ceux qui connaissent l’histoire de Bono et des frères McCormick, mais eux ils sont à part. Pour les autres c’est l’histoire assez simple d’un adolescent qui a le « rêve américain » mais se plante à chaque fois et de son anti-héros qui lui a la réussite, une bataille pas vraiment cruelle car au fond les deux s’aiment, mais voilà comme le dirait Conrad MacLeod dans Highlander : « Un seul dois survivre ». Car c’est bien sur ça que le film est appuyé, la haine et la jalousie entre les deux personnages, les McCormick dans l’ombre de Bono, Neil ne fait que se saccager lui-même, il se porte la poisse à lui-même et à son entourage. Neil le sait dès que Bono prononce ce nom, suivi d’un blanc qui rend le spectateur stupéfait, quelque chose à changé : U2 est née.
Alors oui nous pouvons reprocher une relation entre Bono et Neil McCormick plus fraternelle que celle de Neil et son frère Ivan, peut-être une romance entre Neil et Gloria pas assez appuyé, mais après tout ce film ne parle pas de câlin : il parle de la jalousie. Killing Bono rassemble de bons acteurs sans pour autant parfaits, Robert Sheenan nous avez habitué à mieux dans Misfits, il mériterait un rôle plus grand pour avoir un jeu plus important, question d’équivalence. Quand à Pete Postlethwaite qui joue Karl le propriétaire gay il signe ici sa dernière et l’une des plus touchantes prestations. Les acteurs ont un niveau de ressemblance avec les personnages qu’ils incarnent au même niveau que Nowhere Boy : ils ne leur ressemblent pas, mais savent les jouer, le seul à faire exception serait Martin McCann qui ma foi ressemble à un genre de jeune Bono.
Les musiques ont un faible lien avec les images qu’elles accompagnent comme certaines paroles sur la perte de soi, l’ignorance… Juste pour dire qu’elle ne soit pas prise au hasard, mais elle ne représente pas le plus du film, les concerts des frères McCormick se veulent par exemple ratés, dans un film où la musique devrait représenter au moins la moitié de ce film elle n’effleure qu’avec peine nos oreilles. Mais le film est doté d’un montage dynamiques propre aux anglais avec de belles transitions celle récurrente qui sort de la télévision, si les concerts ne sont pas importants au moins ils sont rendu dynamiques, tous les plans ont leur place dans le film, chacun apporte une information et le montage parvient à rythmé convenablement le tout, on en redemanderait peut-être un ou deux pour de meilleurs raccords mouvements.
Les plans sont bien composés, l’image est parfaite, ce sont les meilleurs éléments du film, comme la scène avec le premier agent anglais où les trois personnages sont disposés en miroir avec le tryptique de peinture en face d’eux. Les quelques regards caméra son maitrisé et interpelle le spectateur en lui disant de rentrer dans le film. La meilleure scène doit être celle où Bono parle à Neil McCormick, on sent l’amitié malgré tout, ce qui donne de la profondeur aux acteurs et à l’histoire en elle-même. Attention tout de même aux quelques faux raccords dans distances entre deux personnages à travers deux plans !
En résumé Killing Bono est un bon film, certes on peut en voir d’autre bien mieux, mais on pourra majoritairement en voir des biens pires.
Pierrick Boully