À la base il y a sûrement un film niche ou un private joke. Il y a sûrement un scénariste ou un réalisateur qui aime les jeux de rôle grandeur nature et on peut sentir dans l'écriture ou la manière de décrire les gens une réelle affection. Moi perso j'ai plutôt fait du JDR classique et de la reconstitution historique, donc la version GN ça me fait toujours un peu sourire avec le mélange entre magie, créature elfique et bizarreries anachroniques — mais on va dire que je reste ouverte au fait que pour certaines personnes ça les fasse vraiment kiffer. D'ailleurs on peut voir en regardant les autres critiques de films qu'on s'adresse avant tout à ce public de fans.
Le résultat par contre n’est pas franchement réussit et Knights of Badassdom finit le cul entre deux chaises : c'est à la fois trop bien fait (entendons trop de budget) pour être classé nanar et en même temps ce n’est vraiment pas terrible. La photographie est assez minable avec des lumières vraiment nulles (cette nuit comme en plein jour, euh non en plein spot), il y a très peu de recherche de caméra et le scénario est bien mince. Les effets spéciaux sont bien moches sur la fin. Quant aux acteurs, probablement choisis car classés geek ou bankable à l'époque, et surtout étiquetés un peu « fou furieux » en un sens (vous me comprenez), ils s’amusent bien. De ce côté c’est plutôt positif, mais c’est dommage d’ailleurs que leurs rôles n’aillent pas plus loin, ça manque encore de folie ou de profondeur.
Le film se contredit un peu lui-même sur la fin avec d'un côté une vision assez absurde des jeux de rôlistes qui n'arrivent pas à sortir de leur jeu pour comprendre qu'ils ne sont pas de taille face à un monstre avec leurs fausses armes. Et de l'autre côté, dans les 5 secondes après, une séquence complètement WTF avec un guerrier qui revient d'entre les morts, un passage métal mystique sur un fond visuel apocalyptique dans tous les sens du terme.
Certains rôlistes apprécieront d'avoir un film bien barré sur eux et leur univers, mais je ne suis pas sûre que Knights of Badassdom leur fasse honneur. Le film est donc coincé dans un entre-deux, ni trop mauvais pour devenir culte ni suffisamment bon.