Knock Knock avait tout du projet qui ne m’intéressait pas. En effet, l’association Eli Roth / Keanu Reeves n’était pas là pour m’emballer, tant je trouve le réalisateur surestimé (mais sympathique) et l’acteur inexpressif. Mais la vision du sympathique The Green Inferno, avec deux acteurs en commun, le même réalisateur donc et quelques uns des mêmes scénaristes (Eli Roth et Guillermo Amoedo) m’aura motivé, malgré de très mauvais échos un peu partout. Remake d’un vieux film oublié de 1977, Death Game, les deux actrices principales de l’original, Sondra Locke et Colleen Camp produisent cette nouvelle version, tournée au Chili, pays que Roth semble adorer (The Green Inferno était déjà une coproduction avec ce pays, il avait écrit et joué dans Aftershock, production également Chilienne où il avait rencontré sa femme). Lorenza Izzo, la femme du réalisateur donc et actrice principale de The Green Inferno, et Ana de Armas (Blind Alley, et récemment Exposed, avec Keanu Reeves également) prennent le relais dans le rôle des femmes, et Keanu Reeves qu’on ne présente plus prend le rôle du père de famille dont la vie va changer en ouvrant par malheur sa porte un jour de pluie aux jeunes demoiselles qui semblent en détresse (je lui avais dis de prendre la pilule bleue pour avoir une vie normale aussi !). Oui, Knock Knock est un home invasion. Tout commence doucement pour mettre en place les différentes pièces du puzzle en marche.


Keanu Reeves nous est présenté comme un père de famille exemplaire. Et je n’aurais jamais cru dire ça après ses prestations inexpressives dans 90% de sa filmographie (Speed et Dracula, ça date quand même), mais le bougre le fait plutôt bien. Oui, il arrive à avoir des expressions, à rire, à crier, à paniquer. Pas de quoi remporter un oscar bien évidemment, mais une honnête prestation inespérée. Eli Roth n’avait pas menti en disant que Keanu livrait une de ses meilleures prestations. Bref, alors que Keanu Reeves reste seul dans la maison pour un week-end, il a le malheur d’ouvrir la porte à deux charmantes demoiselles, qui vont peu à peu devenir envahissantes, séductrices. Des vraies femmes fatales, manipulatrices. Et le pauvre Keanu va craquer, et le regretter amèrement. Il faut bien avouer qu’à sa place, avec Lorenza Izzo et Ana de Armas devant moi, j’aurais craqué également ! Seulement les choses sérieuses commencent directement ensuite, Keanu se faisant malmener comme jamais. Ceci dit, toute la longue introduction, avec le jeu de séduction des deux femmes, fonctionne à merveille à l'écran. Pas besoin d'attendre que tout démarre vraiment pour se rendre compte qu'Eli Roth a soigné ses dialogues et rend ses situations réalistes. Voir Keanu mal à l'aise devant les propos des demoiselles et regarder son téléphone pour regarder dans combien de temps arrivera le véhicule censé les conduire loin de chez lui a clairement quelque chose de prenant. Ensuite, c'est une autre histoire, moins subtile, mais amusante.


Il a trompé sa femme, met en péril sa vie pour juste deux femmes, qui vont s’amuser à le pousser à bout, le faire péter un câble, puis finir par l’attacher et le faire souffrir mentalement (et aussi ses oreilles). Oui, c’est parfois un peu grossier et facile, on aurait pu attendre plus et surtout un métrage beaucoup plus tendu, et certaines situations prêtent clairement à rire, mais on se prend au jeu, rythmé qui plus est passé sa mise en place, et plutôt intelligemment écrit. Les situations s'enchaînent sans fausses notes, les personnages (avec ces deux femmes au comportement un peu fou et outrancier) font mouche. Fait surprenant même, Eli Roth se refuse dans Knock Knock les effets faciles, les effets sanglants. N’importe qui attend de ce genre de thriller Américain récents un final choc versant dans l’hémoglobine facile. Eli Roth tourne le dos à cette attente, préférant livrer un final sobre, que l’on sent partir pourtant dans l’autre direction, mais finalement s’en éloigne pour préférer rester dans la lignée du reste du métrage : un thriller manipulateur, ni plus, ni moins. Oui, Knock Knock ne marquera pas les esprits, certains y sont apparemment carrément allergiques, mais en le prenant pour ce qu’il est, à savoir un petit home invasion manipulateur qui ne vise pas plus haut et qui manie plutôt bien son humour, on passe clairement un bon petit moment.


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Rick_D__Jacquet
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le 31 janv. 2016

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