Il y a une chose que l'on ne pourra pas nier, c'est que les Guerres Mondiales auront permis à certains de se ramasser un paquet de pognon, et pas seulement les politiques, mais aussi les gens du septième art. Mais nous sommes dans un monde où la guerre, la mort et les maladies attirent des bénéfices et non dans un monde où tout est beau tout est joli, et ça, je le sais tous les matins quand je vois que j'ai plus de cheveux sur le torse que sur le caillou à mon âge précoce. Notre cruel Dieu m'a fait voir hier " L'adieu au armes ", un film réalisé par Frank Borzage, très connu, adaptant à l'écran un roman de Ernest Hemingway, encore plus connu. Et comme on peut le lire de partout, tout en étant un très bon film, c'est une mauvaise adaptation du roman, mais je m'intéresse aujourd'hui à cette œuvre cinématographique.

C'est l'histoire d'un type qui est ambulancier. La guerre 14-18 fait rage. Nous sommes en Italie, notre ambulancier rencontre une bonne sœur infirmière qui défend sa coupine enceinte, la rendant la plus sensible et aimable des bonnes-sœurs infirmières dans le cœur du téléspectateur. Gary, aka Frederick, avec toute son élégance, traîne sa proie dans les bois pour lui briser l'opercule. Mais notre ami doit repartir au front, laissant sa Catherine à Milan. Il mange des spaghettis (nous sommes en Italie donc …), il se fait exploser les jambes, il retourne à l'infirmerie, il revoit sa coupine, se fait marier, doit repartir donc repart, écrit des lettres que sa Catherine n'aura jamais, déserte pour la retrouver et la retrouve … les spoil' pour après donc BEWARE !!

" L'adieu aux armes " sort en 1932, soit deux ans après le très réussi " A l'ouest rien de nouveau ", et le même sujet est traité de deux façons totalement différentes. Bien sûr le roman adapté n'est pas le même, mais la différence fondamentale, c'est la présence de la guerre dans le film. Ici, Frank Borzage utilise la guerre sur un plan bien différent. Nous n'auront pas le droit aux batailles épiques des tranchées. Mais contrairement à d'autres, je me refuserai à dire que la Guerre est poussée sur un plan strictement secondaire puisqu'il est la cause de l'amour entre les deux protagonistes. Et même si on a pas des membres déchirés toutes les 5 minutes, la Guerre est presque autant présente que l'amour entre les deux. Le plus bel exemple dans le genre restera, selon moi, "Voyage au bout de l'enfer", avec la guerre du Vietnam qui est excellemment bien traité sans la moindre parcelle de bataille héroique.

Et plus la guerre prend de l'ampleur, plus l'amour entre Frederick et Catherine grandit. Et c'est d'ailleurs au moment de la seconde séparation que leur amour va arriver à un point culminant : alors que la guerre est synonyme de mort, eux donnent la vie. Cet amour est même confirmé par le mariage avec un prêtre qui les unit malgré les règles ! Comme dans la plupart des films de Borzage, pas de cérémonie, pas de blabla religieux, seul l'approbation de notre Seigneur Tout-Puissant semble compter. On est en 1932, et un mariage sans cérémonie et en dépit des règles, des nonnes enceintes, l'homosexualité, des actes pré-mariages, ce n'est pas vraiment courant pendant ces années au cinéma.

Côté technique, " L'adieu aux armes " a su me surprendre de temps en temps, mais trop rarement. Forcément, l'unique plan de guerre est prodigieux. Le passage en " caméra embarqué " quand il se fait blesser est bien aussi, surtout que c'est une technique utilisée rarement dans ses années là. Pour ce qu'il en est du jeu d'acteur, disons que … enfin sans vouloir être méchant, je doute que Helen Hayes gagne un prix de nos jours. C'est si peu naturel, c'est si "Ooooo Rage !! OOOOO DESESPOIR ", ça devait être bien à l'époque, là non, ça ne passe plus. Mais ce que je reproche le plus, c'est que c'est purement et simplement un mélodrame, et je n'en suis pas fana. Certaines scènes m'ont carrément ennuyé et si Frank Borzage a voulu critiquer la bêtise humaine à travers cette amourette, je trouve cela bien regrettable. Toujours avec "A l'ouest rien de nouveau", nous avons 2 heures 13 de remise en question.

Mais seul point très très fort dans ce mélo, toujours SPOILER, c'est le final que j'ai trouvé très intelligent. Pour entrer dans le vif du sujet, Catherine meurt. Cela doit être une fin triste d'un mélodrame en pleine guerre. Mais non, parce que pour notre petit couple, c'est un dénouement final à la suite de leurs péripéties parfois trop banales. Son décès rime avec la mort de la guerre, l'armistice, la paix, et les bombardiers du début se transforment en blanches colombes. Et de surcroît (ou trois sur quatre, jeux de mots, humour, ahahah), c'est cette guerre qui est à l'origine de leur rencontre. Le reproche "si nous nous étions connu avant la guerre" sonne faux. Un amour de guerre qui s'achève avec la paix, laissant Gary Cooper vieil homme, et sa mère patrie comme seul foyer. A la fin les cloches sonnent pour la paix, mais je vous le demande, Pour qui sonne le Glas ? Le Grand Glas ? (contrepèterie, évidemment)

Bon Film :)
P-D
7
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le 23 nov. 2014

Critique lue 599 fois

P-D

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