SPOILERS !
Clairement déçu par cette adaptation du roman d’Emmanuel Carrère, lui-même adapté de la surprenante et tragique histoire de Jean-Claude Romand.
Pour la petite histoire, Jean-Claude Romand c’est un « médecin » qui un soir du 9 janvier 1993 va assassiner toute sa famille (femme et enfants) ensuite ses parents suite à un mensonge. Un mensonge qui va durer 18 ans ou suite à l’échec d’un examen de médecine en deuxième, il va commencer un bobard qui va avoir un effet boule de neige sur sa vie.
S’inventant un diplôme de médecine promptement obtenu, il va ensuite s’inventer un prestigieux poste de chercheur à L’OMS à Genève. Toute sa famille et belle-famille va se fier à un homme qui semble d’apparence honnête et digne de confiance. Malheureusement, ce dernier va leur escroquer de forte somme d’argent pour entretenir le train de vie d’un médecin, leur faisant croire que celui-ci est placé à Genève à des taux extrêmement avantageux. Une fois les fonds épuisés, la folie et la panique vont s’emparer de lui, le poussant au pire.
Si j’ai regardé L’ADVERSAIRE c’est justement parce que cette histoire m’avait stupéfait (je conseille vivement l’épisode consacré à l’affaire dans l’émission FAITES ENTRER L’ACCUSE).
Que vaut cette adaptation donc ? Justement par grand-chose… même si le casting est très bon (auteuil, cluzet, devos,…) le film survole les faits et s’attarde sur les derniers jours d’un homme pris à la gorge. Cet homme incarné par Auteuil ne ressemble pas vraiment à l’image que l’on a de Romand car ce dernier était très doué dans l’art du mensonge, de plus il excellait pour ne rien laisser paraitre et surtout il croyait à ce qu’il racontait, ce qui faisait de lui un mythomane. L’interprétation d’Auteuil même si elle reste bonne, ne donne qu’une image erronée du manipulateur à travers un personnage trop effacé et trop enfoncé dans son mutisme.
Le gros problème du film n’est pas seulement là. En effet, la réalisatrice s’attarde sur la solitude d’un homme usé par son mensonge et exit toute la partie psychologique, le développement de l’histoire. Car oui si on connait les faits, on connait le pourquoi du comment mais pour le spectateur qui découvre cette histoire, plusieurs questions restent en suspens comme par exemple ses escroqueries sur sa famille qui sont ici suggérées et survolées ou encore l'absence de son pseudo cancer qui lui servait à justifier ses absences ou à susciter la pitié de ses proches.
Avec ce drame, le film aurait dû nous donner une intrigue prenante avec du suspense en ne révélant la supercherie qu’à la fin du long métrage par exemple afin que le spectateur soit également dupé. Hors rien de tout cela, juste un fait divers survolé à travers un récit plat et trop lent.