Tu n'as rien vu, à Marienbad
Forcément, quand on lance un film a la réputation aussi particulière, on a un peu peur de s'emmerder longuement pendant 5h, surtout que vu Hiroshima mon amour, je m'attendais presque à 1h30 de "Tu n'as rien vu à Marienbad". Alors, c'est un peu ça quand même, c'est follement incompréhensible, c'est beau, exceptionnellement beau, et la voix des acteurs est parfaite, comme dans Hiroshima. Mais ça n'est jamais emmerdant, ça devrait même être plus long, pour que l'on puisse rester un peu plus longtemps à Marienbad. Pour que l'an prochain, on se souvienne de l'amour que l'on éprouve pour ce film, sans devoir s'en apercevoir à nouveau au moment de la dernière minute du métrage.
D'ailleurs, je me dis que le français c'est cent fois plus beau quand c'est dit avec un accent étranger, parce que quand on fait attention aux sonorités de notre langue de tout les jours, c'est vulgaire, les beaux textes s'enlaidissent... Alors qu'un étranger, il a conscience de la poésie du français, il va dire son texte comme s'il lisait de la grande poésie... Il va le sublimer, ce texte, et ce qui serait insupportable à la longue quand dit par un français moyen devient un poème quand les mots sont altérés par un accent.
Le film est totalement hypnotique, avec ces lents travellings dans un univers baroque, sur fond d'une musique d'orgue qui ne s'arrête quasiment jamais, rythmant notre avancée dans cet univers qui vampirise sans cesse notre attention. Je retiens tout les plans sur les visages fermés des aristocrates, avec la caméra qui passe d'un visage à l'autre, cherchant les personnages principaux dans cette foule de statue. Puis, ce jeu tout simple, qui paraît si complexe, que je vais définitivement retourner dans tout les sens pour comprendre comment gagner toujours. Et enfin, les scènes où les protagonistes se parlent, essaient de ressusciter cet amour de l'an dernier, à moins qu'ils n'essaient de ressusciter leur conversations de l'année dernière essayant de ressusciter leur amour datant de l'année encore avant...
Ce que je me demande, c'est si le film va vraiment me marquer...
A moins que je ne garde seulement le souvenir de ces couloirs, de ces visages, du visage de cette femme...