Dans la bouche de Jessica, y'a les clés
In the Mouth of Madness met en scène John Trent, un assureur ingénieux qui sombre dans la folie après avoir lu les romans de Sutter Cane, le fameux romancier qui a dépassé le génie de Stephen King, et dont les livres créent l'hystérie collective.
Si Carpenter réussit à déstabiliser le spectateur par le biais de musiques angoissantes et d'un montage nerveux composé d'images effrayantes, rompant avec le rythme lent du film, sa narration est trop explicative et linéaire à mon goût. Effectivement, Carpenter souhaite remettre en cause la perception de réalité : John Trent se retrouve alors héros du roman d'épouvante de Cane et regarde l'adaptation cinématographique de l'histoire dont il est le "héros" dans une mise en abyme finale plutôt ingénieuse et déstabilisante. Cependant, par les dialogues pédagogues et les scènes redondantes, le cinéaste tente d'expliquer "indirectement" au spectateur sa démarche; chose qu'il ne fait pas dans The Thing et qui constitue une des innombrables forces du film.
En voyant les plans de nuit de la route lorsque John et Jessica se rendent en voiture dans la ville (imaginée ?) par Sutter Cane, je suspecte Lynch de s'être largement inspiré du grand Carpenter. Toutefois, à contrario de "L'antre de la folie", Lynch crée son propre cinéma basé sur l'onirisme et le non-dit.
En conclusion, In the Mouth of Madness est un long-métrage qui regorge de bonnes idées mais qui perd de la crédibilité à vouloir expliquer au spectateur son propos artistique et aussi à faire apparaître des monstres dégueulasses sans aller jusqu'au bout de son parti-pris : un film qui effleure plein d'aspects intéressants sans les exploiter.