L'Apollonide, souvenirs de la maison close par lhomme-grenouille

On me fait parfois remarquer qu'il y a chez moi un paradoxe : je vais souvent voir des films français alors que la plupart du temps c'est pour m'en plaindre. Pourquoi persister alors ? Masochisme ? Non, c'est plutôt pour éviter de rater des films comme cette "Apollonide" par exemple ! Alors oui – c'est vrai – 6/10 c'est bien, mais ce n'est pas non plus le signe de l'extase. Voilà pourquoi il serait sûrement utile que je précise tout de suite que cette note traduit au fond assez mal mon ressenti face à ce film, parce qu'elle n'est en fait que la moyenne des sentiments multiples et contradictoires que ce film a suscité en moi. Car oui, la première chose que j'aurais à dire au sujet de cette "Appolonide", c’est qu'elle a l'incontestable mérite d'avoir une personnalité, une ambiance, une démarche qui lui est propre. J'avoue qu'au départ, savoir qu'un sujet aussi casse-gueule pouvait être traité par le cinéma français me faisait peur, mais la force de Bertrand Bonello et qu'il a su jouer de l'ambiguïté de son milieu. Il aime créer une forme de sensualité qui fait qu'on se laisse forcément séduire par l'aspect sulfureux de la maison close, mais il parvient en permanence à démontrer par le ressenti que cette sensualité est forcément amenée à disparaître dans un milieu aussi déshumanisant. Or, ce que j’ai d'autant plus apprécié dans ce film, c'est que cette démarche ne relève pas du discours pompeux, comme c'est souvent le cas avec le cinéma français, il est au contraire de l'ordre du ressenti. Ce film, c'est du cinéma de la sensation. Les scènes, les images, les sons, tout concourre à nous faire vivre cette ambiguïté par les sens... Cette démarche est d'autant plus appréciable que Bonello maîtrise indéniablement son sujet, parvenant ainsi à ménager quelques scènes d'une force ou d'une subtilité assez incroyables, me faisant d'ailleurs véritablement vivre de manière viscérale cet univers remarquablement travaillé. Dommage du coup, que le film soit aussi flottant dans sa dynamique. Pourtant, j'avoue qu'il est difficile de le lui reprocher, car ce côté lancinant et parfois apathique du film contribue clairement à mettre en place cette ambiance de plaisant malaise sans lesquels les moments forts n'en seraient pas. Ainsi, le paradoxe veut que je garde de cette "Apollonide" l’impression d’un film juste plaisant et non transcendant, alors que pourtant quelques images éparses et autres ambiances occupent encore maintenant mon esprit de par leur justesse ou bien leur force de pénétration. Un film atypique à n'en pas douter donc, qui mérite incontestablement d'être vu, ne serait-ce que pour ne pas échapper à un film unique en son genre...

Créée

le 15 oct. 2017

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