J’avais déjà vu ce film en 2013, il me semble, et j’en avais gardé un bon souvenir. Néanmoins, le revoir une seconde fois a absolument tout détruit. Comment l’expliquer… ? Hmm…


La première question que je me suis demandé c’était : étais-je assez mature en 2013 pour me rendre compte que ce film est moyen moins deux ? Pas du tout. Sauf que maintenant je le suis, et la désillusion n’en est que plus grande. Ou alors, le film est bel et bien mauvais :


L'aspect narratif et l’intrigue valent tout au plus un Transformers voir même un Independance Day Resurgence sur l'originalité. Un virus va décimer la race humaine, Brucie Bruce est transporté dans le passé (à la même manière que dans la Jetée… avec un coup de seringue et cette fois un congélateur, ça change du cache-œil...) pour régler le problème et sauver l’humanité.
BON. ALORS. COMMENT TOUT VOUS EXPLIQUER ? Je vais faire mon casse-pied mais à raison s’il règle le problème du virus, comment va-t-il retourner dans le passé depuis le futur puisque l’humanité n’est PAS décimée et qu'il n'y a pas besoin d'aller dans le passé pour régler le problème ? Vous avez quatre heures. Cette intrigue est d'un convenu assez énervant, tellement énervant que ça me donne envie de frapper des glottes.


Les vingt premières minutes sont tout aussi tordues et MEH. James Cole est dans une cage, on le sort pour qu’il aille dehors afin de faire… Rien. Ensuite il passe devant l’Assemblée Nationale du futur composée de quelques grouillots de la cambrousse qui se prennent pour des Albert Einstein en puissance, pour apprendre qu’il doit sauver l’humanité en voyageant dans le temps. Question : ses qualifications pour cette mission sont d’être violent et insociable ?


Après un problème, absolument pas prévisible, dans leur système de voyage dans le temps (bah ouais fallait prendre une Delorean) il se retrouve 6 ans avant l’année où le virus bute tout le monde. Eh ouais, mince alors, zut. Puis il est interné car il est pris pour un fou (ce qui est justifié, car il n’a pas trouvé la meilleure façon d’exposer son problème). Et là, comme tout film de merde qui se respecte, il rencontre une femme, il tombe amoureux et nianianiania, on connait tous la suite. Cette "romance" est prévisible et posée ici comme de la chantilly sur une déjection humaine : c'est joli mais je vous conseille pas d'en manger.


Ensuite, il rencontre Bradie Brad, qui l’aide à s’enfuir en lui donnant une clé qu’il sort tout droit de son fion et lui dit d’atteindre la porte, sachant qu’il est sous calmants ; une évasion d’un mec défoncé, haha, c’est aussi discret que celle du Grand Chef dans « Vol au-dessus d’un nid de coucou ».


Voilà, les vingt premières minutes du film, qui se trouvent être très longues. Le reste est une intrigue vomitive à base de flashback inutile qui sont posés de manière random pour qu’à la fin on se disent « AH C’ÉTAIT ÇA LES FLASHBACKS ?! Dèker. »


En gros : Gilliam fait du recyclage. On retrouve son Brazil, qu’il mélange avec les aventures du baron de Munchausen, pour le côté fourre-tout, et complète finement avec l’esprit potache des Monty-Python.


Nonobstant, le tout est finement assaisonné par l’exigence impérialiste et capitaliste des studios de production, ils ont commandé un zoli p’tit film qui doit remplir les salles et doit rester au box-office pendant quelques semaines le temps de s’en mettre plein les manches sans trop d’efforts. Ils ont payé pour ça quand même, ne faudrait pas faire un film trop compliqué qui force le spectateur réfléchir sur sa propre existence ou sur qu’est-ce qui est réel. Du point de vue financier, les producteurs doivent être sur un Yacht à côté de Bora-Bora en mode Jordan Belfort.


Pour faire son film Terry, a donc gardé un minimum de cohé—Ah pardon. La cohérence était en vacances. Du coup ça part dans les sens possibles et inimaginables. On a du voyage dans le temps répétition pour Bruce Willis. D’ailleurs à un moment, bah il en a marre le pov’ ‘tit chou.


Allez, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, vous pouvez m’expliquer ce qu’il s’est passé avec la colo’ dans les cinq premières minutes, c’est tout contrasté de partout, illisible, moche ? Et aussi, pourquoi des plans obliques tout le long du film, hein ? Siouplé. Jveu savoar.


En plus d’être scénaristiquement mauvais, il est longuet pour ce qu’il propose : pas de réelles scènes post-apo, d’action, de SF intéressantes, et flashback UTILES ET BIEN PLACES, il s’est davantage focalisé sur la relation (euh…) entre Cole et Railey. Si j’avais voulu voir un film de romance j’aurais regardé mon chouchou « A Single Man » ou « Remember Be ». Bon, un rythme lent je n’en ai rien à faire quand il y une histoire intéressante avec une vraie ambiance et qualité d'écriture derrière, ainsi qu'une inspiration de mise en scène et artistique, mais là on n'a pas le droit à ça.


Quelques éléments sont intéressants, pour ce film évidemment, la mise en abyme à la fin qui se permet une référence à « Sueurs Froides » d’Hitchcock (film que Cole et Kathryn regarde dans le cinéma). Mais c’était vraiment nécessaire ? Même si relativement bien trouvé, c’est plus pour combler le vide intellectuel du film, plutôt que pour en faire quelque chose de convaincant.


En toute honnêteté, et Dieu sait comment j’abhorre ce film, La Jetée est bien meilleure. Le sujet de départ était pourtant hyper intéressant. Mais le film dégouline de vacuité et provoque surtout l’ennui et la lassitude.
Pour parler de La Jetée, est-ce que "L'Armée des Douze Singes" est un bon remake ? Hm...
Il est très délicat de s'aventurer loin de la version d'origine car le lien entre les deux films devient alors plus abstrait au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la version originale. En changeant de format et en opérant de nombreux bouleversements dans la narration et l'esthétique, le réal a abouti à un film qui n'appartient qu'à lui totalement dans la continuité de son univers wtf. Mais il est aussi parvenu à conserver le profond ressenti poisseux et dystopique de l'oeuvre de Marker. Ce qui donne à "l'Armée des 12 Singes" un aspect étrangement hybride à la fois logique et très difficile à saisir. Comment ce fieffé gredin de Gilliam à réussi à créer un tel équilibre instable ? Reste un mystère.
En conclusion, le film est mauvais en lui-même mais un bon remake; allez regarder « Annihilation » ou « Miracle Mile » si vous voulez détruire l’humanité.

Perlman
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le 23 sept. 2019

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