La Résistance, c'est avant tout des Ohms.
En plein dans une période cherchant à la fois à oublier ce qu'a été la Seconde Guerre Mondiale tout en l'ayant pleinement à l'esprit avec la transformation de l'incarnation du mal du diable en Nazis bien plus concrets, L'Armée des Ombres totalement marginal.
Ce film qui raconte l'histoire de résistants incarnés par la fine fleur des acteurs français de l'époque, est en marge car il ne place pas de jugement, il se contente de montrer ces hommes et femmes tels qu'ils ont vécu les événements. Pas d'héroïsme surfait ou de personnages parfaits, il montre la force de ces personnes conscientes du poids de leurs actes, du fait qu'ils vont très probablement en mourir. Ce qui est passionnant, c'est que tout cela est fait avec une certaine pudeur, et sans nous étouffer avec un idéalisme patriotique ou avec une morale de justice comme on pourrait s'y attendre dans ce genre de récit. Ce qui est encore plus subtil, c'est que l'on évite même l'écueil de faire en sorte de montrer qu'il y a des gentils et des méchants dans chaque camps, chose au final assez courante. Ici, il n'y a au final que des hommes.
La structure du film est elle aussi bien faite, car là où habituellement ce genre de film se concentre principalement sur une action particulière pour y mettre toute la pression dramatique possible, là ce n'est pas le cas, et le film se déroule sur la durée, égrenant les faits. Il ne prend pas non plus la peine de ne montrer que le point de vue d'une personne, mais nous montre plusieurs individus dans les moments les plus forts qu'ils ont vécu (même si c'est la plupart du temps le personnage de Lino Ventura).
En bref, c'est un excellent film, prenant son temps, et qui permet même quarante ans après sa sortie d'avoir une vision fraîche assez rare et dépouillée du sujet, avec des acteurs d'une très grande qualité. C'est donc un chouette film.
PS : Merci à Socinien pour l'idée du titre. Un merci demandé et forcé.